Homéopathie et spiritualité
Sujet délicat, à retour parfois offensif. Bien sûr, je n’engage que ma personne à chaque ligne sans forcément chercher à convaincre mais en parlant en être convaincu. Autre écueil, la matière -homéopathie et spiritualité- est immense et je dois me contenter de l’exprimer en trois pages sans la trahir. Le mieux est donc de prendre appui sur le contenu signifiant d’un cas clinique et sur les propos, à contenu semblable ou du moins comparable d’un maitre spirituel contemporain, ceux du père orthodoxe Philippe DAUTAIS.
Voici le cas : Ornella 18 ans, jeune étudiante souffre, au moins une fois par semaine, d'une forte céphalée battante et chaude au front et sur les tempes, elle dit que le mal apparait vite et disparait lentement, qu'elle est aggravée à la veille des règles, par le bruit, par l'effort physique. Elle n'a pas noté de circonstances d'amélioration. Le caractère élançant du mal et la forte chaleur de la tête suffisent pour prescrire le remède Belladonna dont l’empreinte s’écrit ainsi :
- une force (A) verticale, congestive, expansive et,
- une force (B) horizontale, constrictive, étreignante.
Et sur la spirale de Moebius :
Pourquoi ces céphalées ? L’enquête homéopathique apprend que les premières douleurs remontent à l'âge de 5 ans, Ornella, n’ayant pas supporté la lumière des nouveaux néons de la classe, l’a dit à la maîtresse. C'était très violent. Les parents sont venus la chercher, elle a eu des examens, des traitements, mais sans amélioration franche puisque les crises sont toujours là, elles vont et viennent plus ou moins fortes, plus ou moins fréquentes, plus ou moins durables. J'apprends aussi que c'est le matin qu'elle souffre le plus, avec des brûlures dans les yeux et surtout ceci qui donne la clef de tous les symptômes : Ornella est née à 9 heures du matin, par forceps, dans une salle très éclairée par scialytique. Voilà qui éclaire aussi les symptômes et leur lien avec l’empreinte Belladonna : la brutale luminosité lors de l'accouchement s’est réactualisée lors du fort éclairage des néons à l'âge de 5 ans, la compression par forceps est derrière le caractère chaud et battant du mal de tête, l'aggravation du matin vient de l'heure de sa naissance (9 heures du matin). Au total, un mal aggravé le matin, au cours d'une forte luminosité́, par une force montante, expansive (A) de sang dans la tète et par une force horizontale, constrictive (B) des forceps. Belladonna en 7 CH à chaque crise a fini par abolir toutes les céphalées de la malade.
Bien, mais où est le caractère spirituel de cette observation ? Il se situe à plusieurs niveaux :
* La lecture des symptômes indique que seule une instance suprême d’ordre spirituel, peut utiliser le corps pour y inscrire un tel sens, ici l’empreinte Belladonna, avec sa partie constrictive et sa contrepartie expansive. Voyons plutôt : chez Ornella, la douleur apparaît vite (douleur flash, telle une constriction brutale) et disparaît lentement (douleur longtemps contenue, telle une expansion lentement évacuée), elle est aggravée par le volume-expansif menstruel, par les «stridentes-constrictions» sonores, par les parcours et développements physiques. Le mal vient plutôt le matin pour rappeler l’horaire d’un vécu mémorisé, sous forme de chaleur expansive et de battements constricteurs. Tout est dit en quelques signes. Et avec un sens exactement conforme à la cause. Le tout livré par le corps. Philippe DAUTAIS parle de «corps conscience» et il précise que "les apports actuels de la physique quantique nous conduiraient à penser que le corps est condensation d’informations". J’ai longuement disserté dans mes livres du langage absolu du corps, de l’extrême exactitude des informations délivrées, de la fabuleuse surconscience opérante derrière la parole corporelle, de la très étroite proximité entre la physique quantique et l’homéopathie. Je n’y reviendrai pas. Ici, je veux juste rappeler que si le corps de l’homme est en mesure de poser parfaitement l’empreinte Belladonna, c’est que l’homme est doté de cette empreinte, plutôt que sa substance vitale contient cette empreinte Belladonna parmi les milliards d’autres empreintes. Que l’homme, parce qu’il est la réalisation la plus avancée de la nature, représente le couronnement de l’intention universelle et qu’il actualise en lui, outre tous les règnes de la création, tous les gestes, tous les moments, les étapes, les vécus, la mémoire de chaque fait, de chaque chose, de chaque réalisation sous forme d’empreintes invisibles ou essences immatérielles. C’est ce que reprend le père DAUTAIS : "Et le monde sensible tout entier est secrètement transparent au monde spirituel tout entier, simplifié et unifié par les essences spirituelles" Ce fort inspiré prêtre va jusqu’à évoquer, au sujet de l’importance du mode de connaissance, des polarités apparemment antinomiques mais en réalité unifiées comme le sont les empreintes homéopathiques : "les polarités sont des expressions antinomiques d’une unité profonde. Elle manifestent deux aspects en apparence contradictoires mais indissociables car procèdent de l’unité ". Et plus loin parlant de l’ultime union des polarités: "par son incarnation jusqu’à l’accomplissement sur la croix, Jésus a réalisé le but pour lequel l’univers a été créé : l’union des polarités. Il a actualisé l’éternel projet du père : unir l’humanité et la divinité". Quel illustre homéopathe aurait-il été ce brillant prêtre ! On le voit, le monde homéopathique appelle, insuffle, élève vers le monde de l’entendement, vers les hauteurs d’une spiritualité clairvoyante.
* Autres marques vivantes de la présence d’une essence spirituelle : toute la plante Belladone, de la racine au fruit, incarne l’union des deux forces antinomiques, la force d’expansion verticale et la brusque force horizontale. Voyons plutôt : elle habite des endroits ni trop lumineux, ni trop sombres, elle préfère, compromis favorable pour ses claires forces montantes et ses obscures forces plates, des lieux mi clairs, mi ombragés. Sa racine, conique et charnue, est, pareil, un accommodement entre le dilaté et l’aplati. Sa tige monte vigoureusement mais s’arrête brutalement et plane à 1, 5 à 2 mètres. Ses larges feuilles ovales, charnues et pointues portent l’empreinte du distendu et du resserré (ovales et pointues). Ses fleurs, violacées (couleur du resserré) à l’extérieur, jaunâtres (couleur du dilaté) en dedans, s’affichent en forme de cloches légèrement serrées à la base mais pendantes et étalées dehors. Enfin le fruit, une baie noire, ronde et luisante, exprime bien la lutte de l’expansé et du resserré, forces antinomiques d’égale vigueur, d’où rondeur et noirceur de la baie. Même la toxicité de la plante s’exerce sous la forme des deux contreparties de l’empreinte Belladonna puisque, en cas d’ingestion, le malade souffre, outre de nausées, vomissements, sécheresse de la bouche, soif intense, accélération du rythme cardiaque, d’une dilatation des pupilles, une vision floue, une intolérance à la lumière (par dilatation montante) et, outre les maux de tête, agitation, de tremblements, d’hallucinations, de désorientation, de troubles de l’équilibre (par étreinte horizontale).
Voici comment surgit, sous le génial regard de Wilhelm PELIKAN et sous sa superbe plume, l’empreinte de la plante Belladone (c’est moi qui souligne) : "...La zone que préfère la Belladone est celle, intermédiaire, de la demi-pénombre, où se rencontrent la clarté du jour et les ténèbres humides de la forêt : ce peut être une orée, une clairière, une coupe, pourvu que le sol contienne un humus sombre et que l'ombrage prédomine. Quand le soleil pénètre davantage et que les forces de l'obscurité abandonnent la plante, elle disparaît rapidement. Comme son habitat, la forme entière de la Belladone exprime un combat entre les forces lumineuses et les forces obscures. Eternellement plongé dans les ténèbres, son rhizome puissant émet, avec l'âge, plusieurs pieds. Le printemps en fait surgir les pousses ornées de grandes feuilles pétiolées, entières, ovales, à bords unis, aigues au bout, les entraîne dans le royaume du "haut" jusqu'à ce qu'en automne, le royaume souterrain les reprenne. Une telle pousse croît vite et vigoureusement : on s'attend à la voir monter à hauteur d'homme ou même produire un arbre. Mais cette attente est vite déçue. La croissance stoppe brusquement. Qu'est-ce qui l'a freinée? Une fleur, qui s'est mise en travers du chemin, comme un obstacle insurmontable. Mais l'impulsion n'est que déviée : la plante atteint un mètre à peine, en hauteur, mais elle se répand en rameaux latéraux (généralement au nombre de trois), un peu comme un jet sur lequel on a posé le poing et qui dérive obliquement …][ ... Les boutons à fleur sont tous placés sur la paroi intérieure de ce que nous avons appelé l'entonnoir et ils sont tous dressés à la verticale. Il faut le signaler expressément, car, autrement, on ne verrait pas bien l'intérêt de ce qui se passe ensuite. En s'épanouissant, la fleur accomplit un fort mouvement de rotation, cherchant l'ombre, se tournant vers le côté et vers le bas, rempart en quelque sorte jusque sous la grande feuille voisine, comme sous une ombrelle. Elle fuit la lumière et succombe, de ce fait, à la pesanteur. Les fleurs épanouies sont donc pendantes, en forme de gueule profonde; leur couleur est donc un jaune délavé, faible, luttant avec un obscur violet. Les Bourdons, ces "abeilles de la terre", viennent puiser son nectar. Ensuite se gonfle la "cerise empoisonnée" bien connue. Elle est, à maturité, d'un sombre violet, brillante, comparable à un œil animal, et contient de nombreuses graines. Elle quitte l'ombre tutélaire et retourne, autant que possible, à la clarté du jour. Elle représente une apothéose des fleuves de colorants sombres, noirs-violets, qui ont imprégné la pousse, les rameaux et les fleurs. Ainsi, toute cette plante est sensible à la confrontation de la lumière et de l'obscurité. Ses feuilles sont, par leur structure anatomique, des feuilles de l'ombre, mais tout change en elles, dès qu'elles reçoivent plus de lumière. Les semences de la Belladone ont besoin, pour germer, de la lumière : dans une ombre profonde, elle ne lève qu'incomplètement...
On le voit, tout dans la plante exprime la même empreinte, tout relève d’une essence spirituelle spécifique distribuée dans tous ses compartiments, depuis son biotype jusqu’à ses vertus médicinales. C’est là sa véritable nature, son corps vivant, sa présence intérieure, sa voix silencieuse, son logos : "le logos d’une plante définit la spécificité de cette plante qui s’exprimera dans sa forme, son parfum, ses propriétés, ses caractéristiques. Elle transmet une information qu’aucune autre plante ne peut transmettre, laquelle information constitue sa vertu médicinale".
Concluons, l’homéopathie amène au sens deuxième caché derrière les symptômes conventionnels. Lorsqu’on est attentif, on pourrait même noter que l’empreinte de la maladie du malade est en lien avec ses antécédents personnels, parentaux, aïeux, avec son choix du médecin et jusqu’à l’empreinte du jour (le Neter cosmique des Egyptiens antiques), on pourrait comprendre que tout est sens, tout est enseignement, tout est conscience.
Avril 2024
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