Homéopathie et prémonitions

 Lorsqu’on dresse le portrait d’un individu de type Phosphoric acidum, on relève, parmi ses singularités, ceci : il fait des rêves prémonitoires et, en se couchant, il sent que ses membres sont "soulevés et qu’ils flottent pendant que sa tête reste sur l’oreiller".1 Sur ces seuls signes, prémonitions et flottement, s’établit la nature profonde de l’individu Phosphoric acidum2, ce que les homéopathes appellent son type sensible de fond. Sur la spirale de Moëbius l’empreinte simplifiée de Phosphoric acid s’écrit ainsi :

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Cette empreinte Phosphoric acid, impliquée dans les symptômes, explique ce que le malade rapporte de son état. Par exemple, sur le plan psychique, il dit être affalé, épuisé, affaissé mais dès qu’il se lève, il est pleinement conscient et donc il se sent décollé de son état apathique. Ailleurs, sur le plan physique, il souffre à la tête d’une douleur qui commence dans l'occiput pour gagner le vertex (trajet d’un décollement) où il ressent  comme un poids écrasant (affaissement). Ou encore, il a des urines abondantes et claires comme de l’eau (décollement) et des urines laiteuses, chargées de phosphates (affaissement), etc. Partout la même signature.

Bien, revenons sur cette impression bizarre des pieds qui flottent en s’endormant. Derrière cette simple sensation, le langage sublime du corps nous livre un haut enseignement en rapport avec le type Phosphoric acid. Voici : les pieds, organes pleins et lourds représentent ici le mental encombré et pesant par rapport à une conscience plus subtile et plus aérienne. Ils sont perçus flottant pour montrer que chez l’individu de type Phosphoric acid, le mental est en partie ascensionné dans une sphère non-mentale, dans une conscience élevée. Ce décollement est involontaire, induit par suite de déception amoureuse, par dépit professionnel et autres désillusions. L’individu de type Phosphoric acid se dérobe ainsi du monde d’en bas par soustraction et errements réactifs. Le décollement en la haute conscience, spontané et donc aveugle, s’accompagne toujours d’un affaissement en la couche mentale, un affaissement tout aussi spontané et donc aveugle. Répétons le : l’ascension réflexe, forcée par un vécu désaccordant, s’accompagne forcément d’un affaissement concomitant dans la couche mentale. C’est là le sens des pieds qui s’élèvent et flottent à la verticale (ascension) quand il s’alourdit et s’écrase (affaissement) en position étale. Autre signe indiquant l’écart entre l’étage mental et la conscience d’éveil : l’individu de type Phosphoric acid est lourd, lent, apathique, indifférent lorsqu’il se situe dans la torpeur mentale ; il est au contraire vif, agile, rapide, intuitif lorsqu’il gagne l’étage du dessus.

Dernière sensation insolite : les déjà vu et les rêves prémonitoires.  Là encore, ce qui explique ces événements, c’est le fait de l’ascension hors mental et l’entrée spontanée et inaccoutumée dans le monde de la conscience d’éveil. Car, arrivé là, dans cette présence souveraine, les perceptions sont plus fines, plus signifiantes, plus révélatrices et le temps plus immédiat et surtout plus rapide. D’où, chez le sujet de type Phosphoric acid, le déjà vu par sa conscience accélérée dans les hauteurs perceptives, d’où le retard du mental ordinaire ralenti dans sa sphère sous-jacente, d’où les rêves prémonitoires, avancés par la même conscience accélérée du dedans, laquelle a permis de voir aujourd’hui ce que le mental tardif de la vie ordinaire verra demain.

Finissons avec un cas peu commun, celui d’un enfant, 3 ans et demi, visionnaire. Léo est amené parce que depuis 8 mois et demi, sans raison, il se réveille systématiquement vers 3 heures du matin, réclame ses parents, s’agite, crie et hurle jusqu’à ce qu’on le prenne dans les bras. Il se rendort seulement en présence du parent exaspéré et astreint jusqu’au matin. Aucune explication à ce changement soudain. La maman, enceinte de son deuxième enfant, est exténuée, le père las et dépité, commence à se fâcher… Après moult questions, l’on comprend ceci : la maman, après un retard de règles de 3 semaines avait fait un test : positif. En remontant le temps, on s’aperçoit que le début des réveils nocturnes de Léo correspond exactement à la date de fécondation de la maman, ignorant à ce moment son début de grossesse. Léo aurait-il senti que sa mère était enceinte du deuxième enfant avant même que sa maman ne le sache elle-même ? Dès lors, ses alarmes nocturnes lui rappellent-elles à la fois le départ de sa conception et sa catastrophique arrivée au monde ? Car, Léo est venu après 24 heures de contractions exténuantes, puis accouché avec forceps, occiput aplati, cyanose, état amorphe, respiration difficile, isolement en raison d’hémorragie inquiétante chez la maman. Il semble en effet que la cause des réveils nocturnes réside bien là et que la nouvelle grossesse lui a remis en mémoire ces circonstances épouvantables. Mais alors comment a-t-il appris la nouvelle grossesse avant tout le monde sinon par l’effet d’une prémonition ? Pour confirmation, je demande s’il y a des voyants dans la famille. Oui, sa grand’mère maternelle est une grande voyante et aussi une grande mystique. Et Léo a-t-il des impressions de déjà vu ? Oui, beaucoup et souvent, il dit qu’il connaît tel endroit sans jamais l’avoir visité, qu’il est déjà venu ici alors que c’est une première fois, etc.  

Je m’en remets à cette piste et prescris le remède Phosphoric-acid 30 CH pendant un mois. Je traite aussi l’angoisse, les terreurs nocturnes, la malformation de la nuque, l’accouchement par forceps avec, respectivement, Arsenicum album, Stramonium, Luesinum, Phytolocca.

Passe un mois, Léo est délivré mais il a mis du temps, me dit la maman, pour retrouver à la fois un endormissement paisible sans contact parental et un sommeil ininterrompu jusqu’au matin. Je reconduis les remèdes seulement en cas de retour des réveils et des cris. La délivrance complète est acquise après 2 mois de suivi.

                                                                                                                   

                                                                                                                              Mai 2025


1 J.A ; Lathoud : Etude de la matière médicale homéopathique – Editions Franche-Comte impression, page 994

2 Voir sur moulay-kaici.e-monsite.com  le tableau complet de Phosphoris acidum

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