Homéopathie et syndrome anniversaire
Le syndrome anniversaire ne concerne pas seulement le retour annuel d’une maladie, comme par exemple, en cas de morsure par vipère, la récidive, l’année suivante, à date exacte, d’une douleur avec gonflement et rougeur comme si la victime était à nouveau mordue au même endroit. Il y a bien d’autres retours anniversaires que j’ai décrits dans mon livre "Le Temps Anniversaire" duquel je prélève quelques lignes.
Précisons d’abord que les dates anniversaires figurent des paliers existentiels précis lors de notre parcours ici-bas, ils représentent des étapes de transformation, de développement, de maturation physique et mentale. A 2-3 ans, le nourrisson est déjà debout, curieux et dégourdi, il regarde, écoute et ressent, il va et vient sur le chemin mais pas trop loin et pas trop longtemps, l’heure est seulement à l’observation du présent. A 5-6 ans, deuxième temps fort, il parle, il court, il crie, il interroge ceux-ci, il affronte ceux-là, il réclame son dû aux grands, sa place aux parents et la Terre entière à la vie. A 12-13 ans, âge décisif et âge de doute, le jeune se trouve au carrefour des mondes, le petit édifice repose déjà sur une histoire, le monde des sens façonne son corps, le monde des vivants habille son caractère, le monde impubère se retire, l’adolescent programmé et bientôt procréateur, s’en vient à son destin. C’est un âge de deuil définitif pour l’enfance, c’est désormais l’âge des choix, des zèles et des griffes, la route est maintenant longue. A 40-45 ans, dernier palier majeur, l’homme se pose, la vie a accompli son œuvre, elle a laissé des traces et son temps, la mémoire s’est éprouvée, l’avenir prolonge ses pas sur d’anciennes traces et attend, les vécus alignent les expériences, l’homme se trouve face à lui-même. C’est l’heure du bilan, des recueillements, des dépassements peut-être encore, c’est surtout l’heure sans retour pour l’inachevé et l’heure du devenir pour l’accompli. Ainsi va la vie, ainsi passe le temps, ainsi s’affichent les paliers anniversaires.
En plus du travail de maturation physique et mental, l’autre fonction majeure des paliers anniversaires est de recycler les maladies de stade en stade afin que l’on puisse, à chaque palier, en prendre acte et de s’en affranchir. Voyons cela.
En premier se tient ce que les psychologues appellent l’angoisse du 8ème mois, date à laquelle, pour ces spécialistes, le nourrisson se tourmente lorsque sa maman est absente ou hors de son champs de vision. Cette explication est peu convaincante. Pour moi, l’explication doit reposer, comme ailleurs, sur la loi des semblables et donc sur le rappel d’une circonstance analogique. Ici la peur de n’être pas avec maman est une réplique d’une semblable peur vécue in utéro, à 8 mois de grossesse, lorsque le fœtus apprend, informé par une horloge immanente, qu’il va devoir bientôt être accouché et séparé de sa mère. A 7 mois, il est loin du moment fatidique, à 9 mois, il est déjà dehors.
Ensuite viennent les autres âges anniversaires des grandes et petites pathologies : une maladie survenue chez le nourrisson ou à 2-3 ans revient durant l’enfance à 5-6 ans ; elle ressort, enveloppée des attributs de l’adolescence à 12-14 ans ; elle récidive encore, vieillie des caractères de la ménopause à 40-50 ans, elle marque des mouvements d’inspir et d’expir sur le long terme, elle calque sa trajectoire pathologique sur les paliers anniversaires décrits, elle y trouve ainsi une durée, une force et un rythme.
Pour exemple, prenons appui sur un cas simple, puisé toujours dans "Le temps anniversaire". Cette dame, 50 ans, souffre du sacrum, beaucoup plus pendant sa période de pré-ménopause que lors de ses règles. La douleur au centre du sacrum, tenace comme une morsure, touche l’os lui-même. Question : pourquoi justement là ? Que représente cet os ? La réponse est élémentaire : le sacrum est le point de départ d’une colonne d’énergie, la Kundalini, c’est une source vitale princeps. Le sacrum s’enflamme pendant les règles, la douleur est donc en rapport avec un événement princeps ayant un lien avec les règles. La dame confirme. Voici son résumé :
- A la naissance, elle est rapidement confiée à une nourrisse, premier déchirement lié à la dure séparation maternelle.
- A 11 ans, nouvelle séparation, pour aller en pension, détresse indescriptible et premières règles.
- A 50 ans, moment d’une séparation pré-ménopausique douloureuse et rappel au sacrum de la séparation princeps.
Ici, à dates nommées, les moments charnières ramassent les symptômes autour d’un os premier pour évoquer la douleur princeps de l’enfant nouveau-né, pour aussi délivrer la dame d’un rendez-vous inévitable lors de sa ménopause et ainsi délivrer le sacrum de sa douloureuse mémoire.
Autre cas, Camille, 14 ans, souffre depuis quelques mois de malaises, de paniques incontrôlables sous forme de tremblements, de visions horribles, d’impression de devenir folle. Elle est aussi porteuse d’une hypertension artérielle venue en même temps que les terreurs. Après un long interrogatoire, on comprend que tout s’est noué à l’âge 2 ans et aussi un peu pendant sa vie intra-utérine, moment où sa mère, enceinte d’elle, de Camille s’entend, avait été terrassée par le suicide de son beau père. Surtout, la terreur, chez Camille, de 2 à 5 ans, était d’être gardée (elle y avait séjourné 48 heures à l’âge de 4 mois), par sa grand’mère très stricte, très sévère et fort acariâtre. Camille criait, hurlait, se débattait quand sa mère, institutrice débordée, la déposait. A cette époque, Camille avait eu beaucoup d’angines et reçu beaucoup d’antibiotiques. Comme trop souvent, à tord, ce traitement pour lever des étranglements d’origine strictement psychologique.
Au total, chez Camille, il y a :
- des terreurs, épouvantes, tremblements et une tension psychique extrême de 2 à 5 ans.
- des terreurs, paniques, délires et une tension artérielle fort sévère à partir de 14 ans.
Bien sûr, il y a là, à la fois, superposition d’âges anniversaires et déplacement avec aggravation d’un affect psychique devenu organique. Le traitement homéopathique (Causticum pour le deuil intra-utérin, Sepia pour l’hypertension artérielle et Opium pour les suites de peur) a permis la résolution complète de l’hypertension artérielle avec arrêt de l’anti-hypertenseur chimique et retour paisible d'une humeur normale et d’un sommeil normal. Guérison confirmée les années suivantes.
Les retours anniversaires sont innombrables mais hélas peu utilisés par les médecins. Notons qu’il existe d’autres formes de syndromes anniversaires très subtils, difficiles à repérer en consultations et pourtant fort utiles pour établir le diagnostic de l’affect du malade. Par exemple les résonnances anniversaires dans la lignée parents-enfants. Le fait monstrueux d’un parent devenant cruel ou violeur avec ses enfants alors que lui-même fut victime, enfant, des mêmes atrocités, est connu. Moins grave mais fort instructives est le retour d’affection chez le parent lorsque son enfant atteint l’âge d’un temps-miroir pour le parent. Par exemple, lorsque son enfant atteint l’âge de 3 ans, le parent revit, sans l’identifier, l’affect qu’il avait contracté quand lui même avait 3 ans. Voici un tel cas. Cet homme, sportif, en excellente santé vient en consultation parce qu’il est très inquiet. Au retour d’une escalade avec son fils de 11 ans, il ressent une douleur violente au thorax avec des contractures de tous les membres et l’impression que toute son énergie est retenue dans ses muscles. Bien sûr il pense à l’infarctus. L’examen est strictement normal et ne trouvant aucune explication clinique, je l’interroge sur ses antécédents et sur d’éventuels retours anniversaires. Non dit-il, rien de cela. Et soudain il se rappelle : "J’y suis maintenant, lorsque j’avais 11 ans, je devais partir en escalade avec un copain mais ma grand’mère me l’avait formellement interdit. Je hurlais, un barouf incroyable mais ma grand’mère n’avait pas cédé, j’ai dû rester à la maison." Même chose aujourd’hui, ce père s’est senti meurtri lorsque son fils l’a dépassé en escalade. Une résonnance anniversaire parent/enfant typique par l’âge et par les circonstances. Ici, comme ailleurs, tout est lié, les âges, les circonstances, les signes, tout procède d’une même unité, d’un même sens livré par un temps essentiel, un hors temps signifiant.
Je ne le développe pas dans ce court texte mais il y a d’autres précisions calendaires apportées par cette instance immanente comme le retour anniversaire parent/enfant posé sur le rang du parent à l’intérieur de sa fratrie et sur le même rang de l’enfant dans sa sienne fratrie : si le parent est 2° dans sa fratrie, c’est son 2° enfant qui servira de miroir du temps, à l’âge approprié bien sûr.
Inutile de le dire mais c’est mieux en le disant, les syndromes anniversaires sont en unités de temps ce que les symptômes analogiques sont pour la science homéopathique.
Août 2025
Ajouter un commentaire