Homéopathie et guérisons non incompréhensibles
Je rapporte ici quelques exemples de guérisons sous seul traitement homéopathique, guérisons inexplicables pour la médecine conventionnelle mais éminemment compréhensibles pour le praticien homéopathe.
Commençons par un cas simple. Jeanine, 68 ans souffre de céphalées chroniques depuis une quinzaine d’années. Ce sont des élancements dans toute la tête, aggravés au soleil et par le repos, légèrement améliorés par la marche. Elle dit que les douleurs sont de plus en plus fortes au point qu’elle évite de sortir parce que la moindre exposition au soleil, ne serait-ce que sur les membres inférieurs, réveillent les céphalées avec malaises, vertiges et épuisement. Bien sûr, elle a fait bien des imageries, revenues normales, et pris de multiples médicaments allopathiques sans résultat. Je pense à une insolation mais Jeanine ne confirme pas, elle ne se rappelle ni quand, ni à la suite de quoi ces maux de tête ont commencé. Je reste sur mon idée d’insolation et je prescris Natrum sulfuricum en 9 CH à prendre 3 à 4 fois par jour pendant un mois. Je revois Jeanine à l’issue. Après une semaine de très fortes douleurs, tout a disparu, plus de mal de tête, pas de malaise, aucune plainte. Jeanine n’a plus jamais eu ses fortes céphalées (12 ans de recul). Hasard ? Chance ? Miracle ? Non, plutôt ceci : c’est le remède Natrum sulfuricum qui a nettoyé les tourments de Jeanine. Comment ? Par l’opération du semblable qui efface le semblable : l’empreinte de Natrum sulfuricum est faite de deux versants, une intumescence lente, immobilisante, dominante ici et une agitation plus ou moins vive, remuante, récessive là. Sur la spirale de Moebius, cette empreinte s’écrit ainsi :
Force immobilisante, dominante et Force (B) remuante, récessive
Les céphalées de Jeanine répondent exactement à cette empreinte, elles relèvent d’une imprégnation œdémateuse, immobilisante lors d’une forte exposition au soleil (insolation princeps sans doute oubliée par Jeanine) ou lors d’un traumatisme crânien (fait non signalé par Jeanine) entrainant une agitation sous forme de céphalées, d’élancements, de malaises. Deux précisions : dans ce genre d’affects, presque toujours développés insidieusement et lentement, d’une part, l’imprégnation aqueuse persiste à l’état de trace quasi-immatérielle comme sont les mémoires traumatiques fantômes, elle reste donc invisible aux imageries les plus performantes ; d’autre part, c’est après le traitement clairement efficace avec Natrum sulfuricum que l’on peut avancer de façon certaine que ces céphalées sont liées soit à une insolation soit à un traumatisme crânien.
On le voit, l’abolition des céphalées chez Jeanine résulte de la prise du remède Natrum sulfuricum et cela ne tient ni d’une salutaire aubaine, ni d’un effet placébo mais bien de la rencontre du semblable qui a rejoint le semblable.
Deuxième cas. Alain, 44 ans, ingénieur, marié, deux enfants, raconte : "il y a un an et demi, j’ai été victime d’un grave accident sur la voie publique. J’étais à vélo et, à un carrefour, j’ai été heurté et écrasé par un fourgon. Je suis passé sous la roue arrière du véhicule. Heureusement le haut du corps (tête, thorax, abdomen, membres supérieurs) n’a pas été touché mais tout mon bassin a été brisé, le tiers supérieur du fémur gauche en plusieurs fractures, l’os iliaque, une partie du sacrum et du coccyx cassés en plusieurs endroits. La vessie, la prostate, les glandes séminales ont été aplaties mais pas broyées, les autres tissus mous, les muscles ont été meurtris, noircis sans déchirures en surface. Les chirurgiens ont été héroïques, ils m’ont mis des plaques, des clous, des vis, ils m’ont prescrits une antibiothérapie massive puis beaucoup de kiné et j’arrive à reprendre vie avec cependant une boiterie bien marquée. Ils m’avaient placé dans la fesse gauche des drains de Redon pour évacuer les liquides inflammatoires, drains retirés après épuisement des écoulements. Je viens vers vous, sur les recommandations de mon épouse que vous suivez, elle et nos enfants, pour ceci : au fil du temps, en plus des inflammations habituelles au niveau des zones atteintes, j’ai senti une ligne d’échauffement depuis le bassin, le long de la fesse gauche, puis le long de la jambe gauche et du pied gauche jusqu’à la voûte plantaire. Et maintenant, j’ai une fistule avec un écoulement visqueux, tenace et parfois odorant au niveau de cette voûte plantaire. A l’hôpital, on veut me remettre sous antibiotiques. J’hésite, j’ai été fort incommodé lors des prescriptions précédentes. Et surtout, je voudrais savoir si, par homéopathie, on peut tarir cet écoulement."
J’ai déjà rencontré de telles situations et je réponds : "oui, c’est possible mais c’est long, plusieurs mois, sans recours à l’allopathie sauf cas de force majeure. Il faut respecter l’écoulement et aller dans le sens vital du corps. Car, ici, l’organisme s’efforce de pousser dehors les liquides inflammatoires à travers une ouverture, jusqu’à assèchement complet de la fistule, légitimement posée à la partie la plus déclive du corps. Il y faut de la patience et de la détermination, c’est fort pénible pour le malade mais c’est le prix de la guérison."
Après accord réfléchi d’Alain, on commence le traitement homéopathique de la façon suivante :
- Hepar sulfur calcarea 15 CH (remède des suintements fétides),
- Silicea 15 CH (remède des abcès et des suppurations),
- Luesinum 15 CH (remède des lésions destructrices).
Le traitement est conduit plusieurs mois à dilutions progressives. Jusqu’à cicatrisation et fermeture complète de la fistule et sans récidive (plusieurs années de recul).
L’explication de l’efficacité homéopathique ne relève pas d’un mystère insondable, d’autant qu’ici elle tient à peu de chose. Voici : à l’image d’un barrage fluvial qui entraine une accumulation des eaux en amont puis, après remplissage complet, leur débordement ici et là, l’ablation des drains de Redon, a joué, du fait de la fermeture de l’émonctoire cutané, comme un barrage aux écoulements inflammatoires sauf que là, après leur lente accumulation en amont, l’organisme toujours fort intelligent (car visité par une haute conscience) s’est forgé une voie d’évacuation descendante. Les liquides drainés ont ainsi libéré les zones encombrées et participé à l’amélioration générale de la maladie. Les remèdes homéopathiques prescrits n’ont donc fait que soutenir l’effort vital par leur action semblable, une action conforme à celles de nos défenses.
Dernier cas : René, 81 ans, sort de l'hôpital où il été admis pour une violente éruption papulo-croûteuse qui a beaucoup inquiété les hospitaliers. Les lésions couvraient l'ensemble du corps, respectant la tête et les extrémités, accompagnées d'un intolérable prurit à la fois tenace et erratique, aggravé par le chaud, amélioré par le froid. Les spécialistes ont cherché une origine médicamenteuse, alimentaire, toxique, etc., ils ont même pensé à une allergie à l'insuline, récemment introduite chez le malade, mais sans grande conviction. René porte toujours ses lésions, son prurit, son ras-le-bol, il prend des corticoïdes et s'en vient essayer l'homéopathie. Il raconte :
- L'eczéma et les démangeaisons sont venus après une période d'œdèmes très importants à la bouche. Plus précisément, ma lèvre supérieure et ma lèvre inférieure ont grossi démesurément au point de me défigurer. Après traitement de ces tuméfactions, j'ai commencé à souffrir de l'eczéma.
- Que s'est-il passé dans votre vie juste avant l’œdème des lèvres, que n'avez-vous pas dit, pas pu dire ou pas voulu dire?
- Si vous pensez à un événement que j'ai pas pu exprimer, alors oui il y a ceci : nous habitons, ma femme et moi, dans une maison individuelle et mon épouse veut déménager pour aller en ville dans un appartement. Je ne veux pas quitter notre maison, ma femme insiste et moi, je ne mure dans le silence, retardant les choses, évoquant mille difficultés. Je ne veux ni lui faire du mal, ni lui expliquer mon mal.
- A mon sens, l'explication de l'œdème des lèvres vient du fait de votre impossibilité d'évoquer votre refus de déménager. Par la suite, avec le traitement allopathique, les tuméfactions des lèvres ont disparues au profit de votre eczéma actuel. En termes homéopathiques, on dit que la maladie interdite ici, s'étend là, c'est classique. Je vous prescris le remède des contrariétés rentrées, Staphysagria en basse dilution 7 CH afin d'éviter toute aggravation préalable.
Passent un mois et demi, René, revient, l'eczéma a quasi disparu (voir sur le site à la rubrique "génie des remèdes", cette observation dans le texte sur Saphysagria).
On comprend que, chez René, le succès thérapeutique résulte de l’élimination de la cause princeps qui est une forte contrariété rentrée. Cette contrariété rentrée a donné lieu à des signes physiques, tuméfactions labiales puis eczéma tenace. Le remède immatériel Staphysagria, en effaçant la cause immatérielle princeps, a effacé tous les signes physiques de la maladie. Et aussi, en partie, les symptômes immatériels psychiques dès lors que René a su en saisir le sens. En partie seulement car René, en restant muet, peut prolonger sa contrariété sous d’autres formes de symptômes. Je ne sais pas ce qu’il en a été faute d’avoir revu par la suite ce sympathique patient. Je lui avais préconisé de reprendre Staphysagria à la demande. Je présente cette observation pour réaffirmer qu’ici le non manifesté (la cause) qui précède le manifesté (les lésions organiques) est à l’origine de la maladie et cette cause ne peut être réduite par des remèdes allopathiques et qu’ainsi la science homéopathique doit retrouver une place méritée dans notre arsenal thérapeutique.
Pour finir et pour montrer qu’en homéopathie, il existe aussi des cas où on peut prescrire des recettes thérapeutiques sur simple diagnostic comme en allopathie, je livre deux indications utiles et fort efficaces surtout chez les nouveaux nés :
- en cas de naissance avec circulaire du cordon et de vomissements incoercibles du nourrisson, prescrire Hyosciamus 7 CH, 5 granules dans un fond de biberon d’eau à donner 6 fois par jour avant chaque tétée pendant 5 à 7 jours. Le résultat est quasi toujours positif parce que Hyosciamus est le remède miraculeux des strangulations (voir son empreinte complète à la rubrique génie des remèdes). Notons que l’on retrouve toujours à l’interrogatoire de la maman que, pendant sa grossesse, elle a fait soit une chute, soit eu des hémorragies utérines, soit souffert de contractions très violentes, trois circonstances au cours desquelles le fœtus, de peur d’être évacué, s’accroche au cordon qu’il place autour du cou. Que chacun vérifie, c’est mathématique. L’on peut donner ce remède chez toute personne et à tout âge lorsqu’on apprend la naissance avec circulaire du cordon et l’on voit disparaître des symptômes tenaces comme une toux chronique, une irritation permanente à la gorge, des régurgitations gastriques et tout autre embarras aéro-digestif inexplicable.
- en cas de constipation persistante et de violentes douleurs à l’exonération chez le nourrisson et chez l’enfant, il faut s’enquérir des circonstances de son arrivée au monde. Si on apprend que sa maman a eu des contractions fort violentes et inefficaces pour l’accoucher, il faut prescrire, là encore Hyosciamus, mais aussi Stramonium et Opium pour lever la terreur vécue à ce moment. Les résultats sont rapides et surprenants. On comprend ici que la rude stagnation intra-utérine du fœtus lors de l’accouchement est restituée par la rude stagnation des selles lors de leur évacuation. La loi de la similitude s’affiche partout, à nous d’en saisir la pertinence.
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