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Homéopathie et science pharaonique
Le but ici est de relever les liens de similitude qui existent entre la civilisation pharaonique et l’enseignement homéopathique. Mais dira t-on, il n’y a aucun rapport entre le savoir d’une prodigieuse culture et la pratique d’une thérapie irrationnelle et, pour beaucoup, totalement incompréhensible. N’y a-t-il pas méprise? Pas du tout, des liens existent, des liens extrêmement subtils, des liens par lesquels les deux mondes appellent au même discernement au moyen d’une semblable symbolisation.[1]Une symbolisation à caractère éminemment spirituel bien sûr. Voyons d’abord les traits semblables des deux éminents personnages à l’origine de la découverte, pour chacun, d’un des deux mondes.
Au commencement de l’homéopathie, il y a Samuel Hahnemann. Au commencement des hiéroglyphes, il y a Jean-François Champollion. Les deux sont nés au XVIIIème siècle (1755 pour Hahnemann ; 1790 pour Champollion), les deux sont très doués en langues étrangères, les deux sont des travailleurs acharnés (Champollion, mort à 42 ans, le paiera de sa vie). Surtout les deux ont en charge de traduire des textes. Hahnemann, en contradiction avec le médecin anglais Cullen, découvre l’homéopathie en relevant les écrits contestables de celui-ci sur la poudre de quinquina ; Champollion, en compétition avec le chercheur anglais Young, déchiffre les hiéroglyphes en comparant trois écritures sur la pierre de Rosette (grec ancien, démotique qui est une écriture égyptienne ancienne et hiéroglyphes). Les deux avaient une mission : pour Hahnemann découvrir une pratique médicale méconnue jusque-là ; pour Champollion découvrir une écriture figurative méconnue jusque-là. Surtout, les deux accédaient à une connaissance cachée grâce à la loi des correspondances, la loi du sens, la science vitale utilisée par les Egyptiens antiques et aussi par la pratique éclairée de l’homéopathie. Voilà, à travers le père de l’une et le père de l’autre, la première similitude notable entre homéopathie et égyptologie. Je précise que les points communs que l’on relèvera dans les deux sciences, sont toujours liés par la loi des correspondances.
Entrons dans le sujet en prenant appui sur le fabuleux temple d’Amon à Louxor (la Thèbes d’autrefois), un temple exceptionnel par le rendu des blocs, dallages, colonnes, axes, orientations, mesures, proportions, coudées, brassées…, et aussi par ses enseignements lumineux derrière les figures, les statues, les écritures, les signes.., le tout entièrement dédié à l’homme ordinaire ici bas et en même-temps à l’homme en chemin vers sa réalisation, l’homme dans sa marche vers une haute demeure spirituelle par élévation de sa conscience. Bien sûr, dans cette courte communication, pour relever les liens avec la science homéopathique, je rapporterai seulement deux ou trois exemples en suivant le travail extraordinaire de Schwaller de Lubicz un égyptologue prodigieux qui a parfaitement assimilé la mentalité des sages antiques (voir mon livre, ci-dessous référencié en lequel je prélève de longues lignes sur les travaux de cet égyptologue).
A l’entrée du temple, il a deux colosses assis, les mains sur les genoux, la tête haute et sereine. Ces deux statues de Ramsès II assis, expriment la stabilité et l’équilibre, elles symbolisent l’état d’équanimité du roi, gardien de la permanence et de la connaissance. Placées au seuil du temple, elles indiquent au visiteur qu’il entre dans la maison d’un très haut savoir, accessible au chercheur de sens mais masqué au touriste ignorant. Les deux colosses assis étaient autrefois entourés de deux obélisques dont un seul persiste, et en arrière il y a quatre géants debout, deux en marche ; n’en reste entier qu’un seul, les trois autres sont bien abimés. Au total, il y a, au centre, les deux colosses assis, dits colosses Ramsès, flanqué autrefois chacun d’un obélisque de 25 mètres de haut et, en arrière, quatre géants debout dont un seul subsiste entièrement.
[1] Voir le texte concernant cette partie dans mon livre « Voyage au bout du Nil » Editions Sydney Laurent, avril 2020
Les deux Ramsès, volontairement identiques, outre le rôle de gardiens de la connaissance et guides de l’entendement, montrent une unité, leur unité, ils indiquent que les deux ne font qu’un, que le deux est fondu en un, que derrière la dualité se trouve l’unité comme est unifiée la conscience d’éveil lorsque la dualité mentale est résorbée. Dans le même temps, ils donnent à voir que l’unité vient du dépassement de la dualité. Ainsi, dès l’entrée, il est enseigné que l’architecture du temple exprime le passage d’un état à un autre, que derrière le double apparent se trouve l’unité cachée, que tout le temple est construit sur les deux niveaux de perception, une performance extraordinaire.
Les deux colosses sont affublés d’un obélisque pour évoquer d’où les Ramsès tirent leur inspiration et leurs commandements : d’une source sacrée, céleste, divine. En arrière s’érigent les quatre géants debout, deux de chaque côté des deux Ramsès. Parmi ces quatre géants, deux sont présentés en marche avec le pied gauche devant, le pied droit en arrière. Ceci pour montrer que toujours le sens (Yin-gauche) doit précéder l’action (Yang-droit), que l’harmonie, l’intention, le but juste doivent devancer et conditionner chaque mouvement, chaque action. Les deux Ramsès sont représentés assis car, eux, sont détenteurs du but fixé, de la réalisation atteinte.
A l’intérieur du temple, le visiteur averti peut suivre, longitudinalement, trois lignes imaginaires relevées toujours par Schwaller de Lubick qui a montré, pour chacune, le prolongement spirituel :
- l’axe géométrique partage toute la largeur du temple en deux parties égales. Il représente l’axe de la dualité, du mental habituel.
- l’axe d’Amon court droit, sans angulation, jusqu’au bout du temple, jusqu’au sanctuaire secret où seuls pénètrent quelques hauts dignitaires et le pharaon. Il donne à voir des déviations subtiles, des décalages par rapport aux colonnes et par rapport à l’axe géométrique pour suggérer un mouvement, une perspective, un sens. Il représente l’axe des influences célestes, des principes vitaux, des impulsions révélatrices.
- l’axe des mesures, entre les deux, marque la présence d’une harmonie en chaque chose, de l’unité derrière le variable, du spécifique dans l’universel (en homéopathie on parlerait d’une même empreinte derrière les multiples et distincts symptômes individuels relevés chez tel malade). L’axe des mesures exprime ainsi l’indivisible dans le multiple, il donne à voir le même module dans sa diversification.
Toujours à l’intérieur du temple, s’étalent les murs, les colonnes, les statues, les figures, des inscriptions…, toutes en rapport avec le parcours de l’homme. Même le sol est posé sur un ancien socle pour signifier qu’il s’élève d’une ancienne semence, que son élévation est à l’image d’un végétal qui pousse, qui croit, monte et s’allonge jusqu’à son fruit, que tout et partie en lui procède d’un mouvement vital, d’une poussée vivante, d’une force divine. Il est bâti selon le canon du nombre d’or qui est le nombre de toute créature vivante ici-bas mais pas seulement puisqu’il amène à percevoir une autre dimension en l’homme, son appartenance au monde mystique, au monde au-delà de la vie terrestre, à son état Adamique pré-naturel, à son un état cosmique. On reste songeur devant de telles réalisations…
Autre symbolisation les bâtisseurs se servaient de la transparence pour livrer un message nous explique Schwaller de Lubicz, pionnier ici encore : les scènes représentées d’un côté du mur sont complétées, en transposition, par des scènes figurées de l’autre côté de ce même mur. La transparence est utilisée pour livrer un sens deuxième, pour guider l’observateur vers un prolongement par-delà une expression première pourtant déjà hautement signifiante. C’est dire combien éminente était la mentalité pharaonique.
Bien. Mais en quoi ces trois points concernent l’homéopathie ? En quoi la latéralité, l’axe d’Amon et l’effet de transparence impliquent la médecine d’Hahnemann ? Rappelons que la médecine d’Hahnemann est centrée sur les signes psychiques individuels et sur le langage spécifique du corps du malade qui, seuls, indiquent la signification de son mal. Prenons un exemple et livrons le rapport avec les trois points de la science pharaonique.
Mr T. Yves, 38 ans, moniteur d'auto-école, souffre de tendinites aux deux pieds (voir cette observation dans sa version complète à la rubrique "génie des remèdes", titre : Arsenicum album). Il a très mal le matin, il est aggravé par le mouvement, par la station debout mais précise-t-il, lorsque l'articulation est chaude, il a moins mal. La douleur est plus intense à la cheville droite qu'à la cheville gauche.
Malgré les coups de pédaliers, constants au cours des conduites, l'aspect physique de son travail ne semble pas être en cause. Ce métier, il le pratique depuis une douzaine d'années sans avoir eu à souffrir ; ces derniers temps, il n'a relevé ni geste brutal, ni contrainte posturale expliquant ces douleurs, survenues spontanément. Aucune amélioration avec les multiples traitements classiques.
Ce malade, je le suis depuis 2 ans pour une dépression et une petite insuffisance hépatique d'origine alcoolique. Il avait glissé doucement là-dedans, à la suite du dépôt de bilan de son auto-école. Puis, de soucis financiers en problèmes conjugaux, les difficultés se sont accumulées et lui, il avait fini par se "foutre de tout", m'expliquait-il. Tout l'agaçait, son épouse, ses enfants, ses voisins, les élèves de l'auto-école d'un confrère où il était, à présent, employé. A cette époque, il restait silencieux, sans désir, sans entrain, sans besoin, sauf celui de boire.
J'avais entrepris de traiter son découragement avec des remèdes homéopathiques et, en même temps, de lui faire accepter un sevrage complet. Au bout d'un an, Monsieur T. Yves s'en était fort bien sorti puisqu'il ne buvait plus, dormait bien, s'était mieux investi dans son travail et à la maison. C'est au cours de cette amélioration générale, que les tendinites étaient apparues, m'obligeant à multiplier les traitements homéopathiques. En vain, puisqu'ils étaient restés aussi inefficaces que les traitements allopathiques prescrits par les spécialistes.
Un jour, au cours d'une énième consultation, le malade parlant de ses angoisses du moment, me raconte qu'il se surprend à pâlir pour rien, qu'il se réveille après minuit, inquiet et sans raison, qu'il se met en eau dès qu'il entreprend quelque chose, qu'une fois, ayant perdu une vis en démontant son fusil, il s'est mis dans une panique effroyable, avec sueurs glacées, palpitations. Cela m'a mis sur la piste d'Arsenicum album, remède des angoisses et, par rapprochements, je me suis demandé si les tendinites ne relevaient pas aussi de ce même remède. J'ai repris les symptômes des tendinites : la latéralité droite prédominante, l'amélioration des douleurs par le mouvement, par la chaleur, l'aggravation des douleurs par l'immobilité, par la station debout, toutes ces modalités rentrent dans le cadre d'Arsenicum album. Je lui prescris ce remède et les tendinites disparaissent en 10 jours pour ne plus jamais revenir (plus de dix ans de recul). Comment expliquer cette guérison?
Mr T. Yves, perd son entreprise, il reprend du service chez un confrère mais il reste ulcéré par sa mésaventure et il noie son angoisse dans une déprime arrosée. Les traitements, très bien suivis pendant un an, le libèrent de sa dérive mais -fait capital- remettent en surface l'angoisse princeps : il est moniteur d'auto-école, un travail exigeant de pousser et de relâcher les pédales (donc beaucoup de mouvements interrompus) qu'il fait d'abord en tant que patron puis en tant qu'employé. Entre les deux rupture, dépôt de bilan et début d'angoisse. Ses pieds sont donc les porte-voix corporels d'un vécu inaccepté ; ils portent la mémoire de quelque chose qui a mal marché, qui s'est interrompu et qui doit, à présent, reprendre chez d'autres malgré la blessure. Ou encore, qui doit, à présent, s'articuler avec une semblable activité chez d'autres. Les tendinites sont ainsi le langage synthétique du corps pour exprimer une démarche pénible et une articulation difficile, le langage d'une angoisse longtemps marquante et toujours marquée.
Revenons aux liens avec l’Egypte antique et voyons comment les 3 points retenus chez les maîtres anciens -latéralité, sens et transparence- sont bien présents dans cette observation :
- la latéralité de la douleur est posée plus fortement à droite chez Yves parce que sa souffrance est actuelle, bien présente, elle porte certes une trace du passé mais elle est vécue maintenant, chaque jour, la latéralité droite indique le présent quotidien de son mal-être, elle se marque donc forcément plus nettement sur le pied droit.
- le sens, en tant que signification du mal, se trouve dans la localisation de l’affect : le pied, lieu sur lequel repose sa profession de moniteur, ses mouvements continuels sur les pédales de la voiture, son travail obligé malgré le fiasco précédent, une action pénible toujours recommencée. Le pied incarne ici l’angoisse toujours présente de l’échec antérieur, le sens se marque donc forcément sur ce lieu nettement approprié.
- la transparence est également perceptible dans cette observation puisque l’on part d’une tendinite de type inflammatoire pour aboutir à une origine psychique. Les symptômes s’affichent sur un premier plan organique mais, dans le même temps, ils nous dévoilent, en arrière, un deuxième plan psychique : une transposition par déplacement du regard sur l’autre rive.
Les liens sont manifestes, n’insistons pas et concluons plutôt en retenant ces autres propos de l’excellent Schwaller de Lubick : "pour la théologie pharaonique, l'origine du monde procède du mystère héliopolitain : Noun, l'océan primordial contient une substance indéfinie qui s'actualisant, produit Toum, la première terre, née de la condensation du milieu abstrait Noun. La parabole, présentée sous forme de faits, témoigne, sans jamais être réductrice, d'un acte mystérieux d'ordre divin : Noun, unité absolue est différenciée en terre concrète en laquelle existe une substance primordiale indéterminée qui est un feu métaphysique agissant." Cette substance ne peut alors être que le "feu" vital, la Vie, capable d'être transmise à un être défini afin de l'amener à sa propre perfection. C'est à cela en effet que font allusion tous les bons textes. Cette "essence de vie" disponible, est appelée (à cause de son parallélisme avec l'ultime devenir humain) le Roi, l'Homme cosmique..."1. En simplifiant vers d'autres prolongements, on peut dire que la science des anciens repose sur une spirale : le monde obéit à un ordre vital dont l'origine et la fin procèdent d'une immanence divine, la matière est la première concrétisation ; la vraie source de la matière est spirituelle, le monde minéral puis végétal et animal sont des étapes intermédiaires d'un aboutissement qui est l'homme ; l'homme, créature finale, est une idée préconçue dès le début, sa nature parfaite est de se rehausser dans l'immanence divine ; le but de la science mystique est de maintenir les liens sacrés de l'homme avec ses correspondances célestes, de lui enseigner les lois de l'harmonie, elle doit l'aider à discerner la vraie lumière éclairant la réalité ; il doit percevoir que toute chose relève d'une immatérialité informulable qui est source spirituelle pure, à la fois genèse, vie et médecine en chaque chose. Car, cette source spirituelle, écrit Schwaller de Lubicz "peut être orientée : vers le minéral (le métal), vers le végétal et vers l’animal. De même qu'elle est médecine pour le corps humain, elle est aussi médecine pour le métal : elle élimine toute impureté pour ne laisser que la pureté du parfait équilibre"2.
Voilà qui va tout droit au cœur des homéopathes ! Car, si l'Énergie spirituelle, présente en toute chose, est médecine distincte pour chaque chose, alors on comprend que les produits de la création, modifiés par les procédés homéopathiques, puissent libérer la part de cette source pure qui leur est propre et, qu'ainsi, ils deviennent médecine essentielle pour tout ce qui existe sur terre. Une médecine à la fois pour le minéral, pour le végétal, pour l'animal et pour l'homme. Une médecine comme l'est exactement l'homéopathie. Dans ses moindres détails. Une médecine qui ouvre sur l'homme essentiel. Sur sa vraie nature, sur ses correspondances avec les règnes sous-jacents.
Et sur ses liens intimes avec la science des grands maîtres jadis.
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