Homéopathie hors tout et en tout                          

L’idée, ici, est de s’arrêter devant des symptômes individuels, relevés en homéopathie, qui vont partout dans le corps, hors de toute logique rationnelle tout en livrant un sens précis. De regarder par exemple l’étrange parcours des douleurs qui ne suivent aucun trajet neurologique, qui n’ont aucune cohérence organique, anatomique, physiologique et qui pourtant expriment une raison d’être explicite. De même pour la répartition de certains symptômes corporels, par exemple la localisation de tel eczéma à tel endroit, son extension à tel autre, apparemment inexplicable et pourtant toujours pourvue d’un sens infaillible.  

D’abord un mot sur les douleurs. Prenons appui sur un cas clinique simple et fréquent. Lorsqu’elle allaite son enfant, cette jeune femme ressent une forte douleur qui part du sein jusqu’aux bout des doigts. La douleur reste du côté du sein tété, elle ne gagne pas l’autre côté. La douleur est si vive que la maman envisage de nourrir son enfant avec le seul biberon. Heureusement, l’arsenal homéopathique dispose d’un remède très efficace : Phytolacca qui, donné en 9 CH pendant 10 jours, a aboli la souffrance et permis la poursuite de l’allaitement au sein.

Il n’y a aucun nerf qui court du bout du sein au bout des doigts. Pas même un méridien d’acupuncture ou un nadi hindouiste. Alors quoi? Comment expliquer cette irradiation ? L’explication se trouve ailleurs, elle relève du pouvoir révélateur d’une instance par delà le corps physique, par delà le corps psychique ou par delà le corps énergétique, elle procède de cette unité hors du corps et dans le corps que les homéopathes appellent  substance vitale, que les ésotéristes appellent vrai Soi et les connaissants d’orient Pranà ou Atman. Et que dit-elle cette substance vitale dans notre cas? Elle dit que sein et doigts sont des lieux de don, que le sein nourricier et la main généreuse apportent la vie, que bout du sein et bout des doigts sont les lieux de succion, de sensation, de perception, que l’irradiation de l’un à l’autre n’a d’autre raison que celui de livrer leur sens commun. La substance vitale des homéopathes relève ainsi d’une haute instance signifiante, d’une surconscience présente à la fois par delà le corps et dans le corps, une substance vitale apte à livrer un sens très subtil, ici, je le répète, le lien de similitude entre deux sites d’offrande, de dévouement et d’union.

Il y a encore ceci : en temps normal, il n’y a aucune douleur, le lien sein-doigts reste muet et la maman peut donner le sein sans problème. Alors pourquoi ces douleurs chez notre jeune maman? Est-ce une séquelle d’une ancienne affection mammaire? Ou l’effet d’une grossesse involontaire, inacceptée ou imposée? Ou le contrecoup d’un désaccord mémorisé dans la lignée familiale, entre mères et filles parfois sur plusieurs générations? Ou la conséquence d’une contrariété conjugale? d’un avenir professionnel compromis ? d’une liberté maritale risquée? Mille incertitudes que même un long interrogatoire ne peut débrouiller. Une chose pourtant est sûre : la douleur et son irradiation tient à un désaccord entre ce qui se donne et ce qui se reçoit. C’est un tel vécu désaccordant que l’esprit doit chercher derrière l’irradiation de la douleur, le corps lui, a livré les correspondances utiles.

Ainsi, quelque soit le trajet, vers le haut, vers le bas, en diagonale, en oblique, du côté droit, du côté gauche…, les douleurs en rapprochant des territoires lointains, voire insolites, livrent toujours un sens à percevoir. A nous homéopathes, de le découvrir .

Passons à la localisation des eczémas. Prenons pour base un cas clinique : Régine, 39 ans, mariée, sans enfant, me montre son eczéma survenu il y a 2 mois à la suite de contrariétés professionnelles et conjugales (tentatives de fécondités infructueuses).                                                                                  

L'eczéma est fait de larges plages inflammatoires sur peau indurée, avec desquamation fine et prurit intense amélioré par le froid, aggravé par le stress. Surtout les lésions siègent au niveau des plis des deux coudes, des deux poignets et aux deux aines inguinales et aussi en regard du rachis lombaire, là un large placard, en bas du dos, dessine un triangle isocèle. Sur cette seule topographie, je prescris Chelidonium. La topographie triangulaire commande en effet le remède Chélidonium, d'autant qu’ici, nous sommes face à deux triangles :

- un triangle fait en reliant, par une ligne horizontale, les lésions aux deux membres supérieurs puis, par une ligne verticale, allant des membres supérieurs aux aines.                                                                        

- un triangle isocèle derrière, au dos.                                                                         

Résultat : disparition totale de l'eczéma au bout de 15 jours de traitement.

Précision : pour moi, le fait que Chelidonium ait agit montre que l'eczéma n'est pas lié à une contrariété mais bien à un trouble hépatique vraisemblablement après les nombreux inducteurs d'ovulation auquel est soumis le couple.                               

La chélidoine, plante connue depuis l’antiquité pour ses vertus hépatiques, convertie en remède Chelidonium, révèle un génie[1] fait :                                                                         

- d’une force qui soulève à l’horizontale, comme une barre altère et,

- d’une force qui tire en pointe vers le bas, en un goulet d’étranglement.

Capture d ecran 2024 02 14 212618

Les deux forces contraires dessinent un triangle, ligne horizontale en haut et pointe en bas. Avec l’étirement en pointe plus prononcé vers le bas, d’où la présence connue de douleurs au niveau de la pointe de l’omoplate en cas d’atteinte  hépatique.

Bien, mon propos est de noter que la répartition géographique de l’eczéma n’est pas l’effet du hasard. Et de fait, cette répartition marque une double image en triangle ce qui pose question : qui est à l’origine de cette image ? Là encore, on ne peut que conjecturer, derrière ces faits, la présence hors du corps et dans le corps d’une instance invisible elle même mais perceptible par ses manifestations, une intelligence suprême qui utilise la surface du corps comme topographie révélante. Ainsi va la science homéopathique, ainsi nous invite-elle à percevoir le monde des indices personnels, à entendre la langue signifiante du corps.

                                                                                                                                                                                                                                Février 2024


[1] Voir génie complet de Chelidonium sur ce site, rubrique génie des remèdes.

Ajouter un commentaire

Anti-spam