L’homéopathie dans l’espace corporel

      Le  but de cette communication est de montrer comment une empreinte de remède homéopathique se distribue partout dans l’espace corporel et comment elle y déploie ses caractéristiques. De voir ainsi comment elle est une et multiple à la fois. Et partant, à travers son inscription en l’homme, comment elle donne à percevoir la morphologie physique du produit expérimenté, comment par exemple une plante étale son empreinte et sa silhouette à travers l’espace corporel de l’homme. Tâche ardue nécessitant un développement fastidieux mais captivant.

       D’abord, je rappelle ce que j’entends par empreinte ou génie de remède homéopathique : lorsqu’on expérimente sur l’homme un remède homéopathique X, on obtient des signes et des symptômes multiples et fort distincts. Sachant qu’ils sont tous nés du même remède X exploré, l’on comprend qu’ils ont forcément, tous, la même parenté, le même germe, la même essence, qu’ils appartiennent, tous, au même génie X qui leur a donné naissance. Le génie d’un remède est donc leur dénominateur commun, c’est la marque spécifique commune cachée derrière chaque signe et symptôme. En me penchant plus avant sur ce génie, j’ai découvert qu’il est bâti, chaque fois, en forme de spirale de Moebius avec deux contreparties opposées et complémentaires. Les deux contreparties sont  toujours réciproques et antinomiques et bien sûr toujours spécifiques au remède exploré. Ainsi par exemple, sur la spirale de Moebius :

  •  l’empreinte d’Apis mellifica s’écrit : 

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  • l’empreinte de Belladonna s’écrit : 

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  • l’empreinte de Aconit napellus s’écrit : 

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Restons sur le génie ou empreinte d’Aconit napellus et voyons  brièvement, en quelques symptômes, comment ce génie s’affiche à la tête, au visage puis à l’abdomen et aux membres inférieurs (la totalité des relevés de ce génie, dans toutes les parties du corps, se trouve sur ce site, à la rubrique « Génie des remèdes »).

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       A la tête, il est précisé ceci : la tête est lourde et pesante et il y a au niveau du front une sensation comme si un corps étranger était poussé hors de la tête. Sensation de plénitude avec chaleur intense d'eau en ébullition s'accompagnant de battements violents du coeur, des artères et des tempes, avec fièvre, agitation, angoisse, peur. Tête très chaude extérieurement.

            Violent mal de tête frontal, supra orbitaire ; congestion du cerveau avec mal de tête congestif, anxiété́, agitation et visage chaud, rouge, congestionné, quelquefois d'une coloration entre le noir et le bleu. C'est seulement au niveau du front que le cerveau semble vouloir sortir. Céphalée avec urine abondante.

            Vertige en se levant de la position horizontale, en se baissant, surtout dans une chambre chaude, avec quelquefois éblouissement et syncope. Vertiges survenant brusquement, après une frayeur, après une exposition au soleil, par la suppression brusque des règles par le froid.

       A la face, il est écrit qu’une joue peut être rouge et chaude, l'autre froide et pâle. Névralgie faciale, surtout à gauche, dont les douleurs aigües, déchirantes, intolérables, s'accompagnent de fourmillements comme si des insectes se promenaient à la surface de la peau. Névralgie à frigore congestive, aiguë, au niveau du trijumeau gauche; douleurs intolérables, amenant le malade au désespoir, tranchantes, brulantes, élançantes, violentes; elles sont pires la nuit, vers minuit; elles s'accompagnent de sensation de fourmillements, d'engourdissement, "d'eau glacée courant le long du nerf". La face est rouge, gonflée, congestionnée, et il y a l'agitation caractéristique du remède. Engourdissement, paralysie hémifaciale après avoir été exposé à un vent froid et sec, accompagnée de la sensation caractéristique de fourmillement.

         Le génie d’Aconit napellus (force A de neutralisation glacée et force B d’emballement inflammmé) est derrière tous les symptômes :

       A la tête :

          - pour la force (A) de neutralisation glacée, il y a la céphalée congestive après "paralysie" d'un écoulement ou après un coup de froid. Elle est dans le mal de tête, pire pendant la nuit "immobilisante". Ailleurs les vertiges, forces centrifuges descendantes surviennent quand le sujet de type Aconit est pétrifié par la peur ou que ses règles sont "gelées" en bas.                                                                                                               

             - pour la force (B) d'emballement inflammé, il y a, au niveau de la boule crânienne, l'agitation impétueuse qui se donne libre cours, qui exalte, étire, pousse dehors une formation étrangère, une formation prise en masse.

       A la face :

            - pour la force (A) de neutralisation glacée, il y a la face froide et pâle, l'engourdissement après un froid sec, la paralysie soudaine à gauche, les névralgies à frigore au niveau du trijumeau.                                                                          

          - pour  la force (B) d'emballement inflammé, il y a la face rouge et congestionnée, les douleurs brûlantes, élançantes, l’agitation, les étirements.

       Bien. Rien d’inhabituel dans ces relevés. Néanmoins cette remarque : les forces d’inflammation et d’emballement sont très marquées, beaucoup plus, nous le verrons, qu’au niveau de l’abdomen et des extrémités où la contrepartie inverse prédomine. Se dégage donc en haut du corps l’image rayonnante, fougueuse, violente de la fleur Aconit napellus avec son tempérament flamboyant, ses couleurs violet-noir, ses étirements continués.

       Pour l’abdomen il est dit : le ventre est chaud, tendu, tympanisé ; il est surtout très sensible au toucher, difficilement palpable. Il y a de violentes douleurs spontanées, aigües, lancinantes, brûlantes, principalement au niveau de l'ombilic, et survenant surtout après une exposition à un froid sec. Coliques qui ne sont soulagées par aucune position. Hémorroïdes saignantes avec rougeur et tuméfaction. Selles liquides, aqueuses, fréquentes, semblables à des épinards hachés, avec besoins urgents et ténesme. Diarrhée apparaissant ordinairement en été, après avoir fait un abus de boissons très froides ou après l'arrêt brusque d'une transpiration abondante ou en automne quand des nuits froides succèdent à des journées chaudes.

Au niveau de l’abdomen :

   - pour la force (A) de neutralisation glaciale et du saisissement en un ballonnement immobile, le ventre est tendu, impalpable, tympanique, les selles ardues, le froid accablant.

  - pour la force (B) d'emballement inflammé et des sensations de déchirement dedans (dans les intestins), les élancements sont d'une extrême violence, les muqueuses enflammées et rougeoyantes, le ventre chaud avec brulures.

Encore une fois, rien de nouveau, ici comme ailleurs, Aconit napellus exprime les deux pans de son génie. Notons cependant que le ventre reprend, par ses contours, l’image de la racine renflée en rave de la plante Aconit napellus. Or, dans une plante, la racine ainsi dilatée, exprime toujours que des forces de rétention s’opposent au jaillissement de la tige, que des forces souterraines d’immobilisation sont très actives. Pour la plante Aconit napellus ce sont de puissantes forces "paralysantes", glaçantes conformes à son génie, qui s’opposent aux puissantes forces "élançantes", emballantes avec la précision que là, au niveau du ventre, les forces paralysantes sont très marquées, traduites par une prédominance des symptômes indiquant une paralysie. Ainsi le ventre est ballonné, tendu, les hémorroïdes tuméfiées, les selles difficiles, le tout aggravé par le froid immobilisant ou la nuit-arrêt. Avec bien sûr, toujours la contrepartie inflammante et ses brulures, agitations, élancements. Se dégage donc au milieu du corps l’image de la racine rave, enflée, de notre plante Aconit napellus avec son renflement figeant, paralysant. 

Au niveau des extrémités est écrit ceci : Aconit est un remède de choix pour les névralgies à frigore qui surviennent brusquement et frappent surtout les personnes congestives et pléthoriques. Les douleurs sont aigües, très intenses dès le début, s'accompagnant de fourmillements et d'engourdissement. Si l'inflammation prédomine, il y a une sensation de chaleur ; si la névralgie seule existe, il y a une sensation de froid : pieds froids comme de la glace, mains et pieds froids ou, plus souvent, mains chaudes et pieds froids.

Au niveau des extrémités :

  - la force (A) de neutralisation glaciale et paralysante se trouve dans les engourdissements, les névralgies à frigore, les pieds glacés.  

   - la force (B) d'emballement enflammé se trouve derrière les étirements aigus, les douleurs violentes, les inflammations. 

La plante Aconit napellus lance depuis son gros tubercule ses grêles et effilées radicelles comme le montre la photo ci-dessus. L’image de ces fines extrémités racinaires est symbolisée par des signes discrets comme des fourmillements, des picotements. Bien sûr, les deux contreparties du génie sont aussi signifiées avec une prédominance pour la force paralysante (A) parce que nous sommes ici au cœur des rétentions souterraines. Notons enfin le signe "plus souvent mains chaudes et pieds froids" qui montre bien un gradient entre un haut échaudé et un bas refroidi. Se dégage ainsi en bas du corps l’image des radicelles discrètes qui sortent de la grosse racine

Au total, à travers les nuances des signes et symptômes de haut en bas, à travers l’expression légèrement réajustée du génie de la plante de haut en bas et à travers le corps entier[1] sont signifiées à la fois la morphologie, les caractéristiques, la spécificité de la plante Aconit napellus. Autre façon de dire : le génie d’Aconit napellus s’affiche partout, dans chaque partie prise séparément et également d’un seul tenant dans l’ensemble du corps en y évoquant la configuration de la plante elle-même. On le voit, le corps de l’homme est bien un écran vivant sur lequel s’affiche le génie et les contours physiques de notre plante. Ce génie est bien sûr également présent dans tous les signes psychiques induits par l’expérimentation, je n’en ferais pas état, le lecteur intéressé peut se reporter sur mon site. La question qui vient maintenant est : quelle est le lieu de création en l’homme de cette sublime présentation ? Cela ne relève pas de la physiologie commune, ni d’une conscience ordinaire, ni d’un pouvoir secret du seul corps, cela ne peut venir que d’une instance immanente hors du corps et dans le corps, hors et dans la psyché, une présence signifiante que les homéopathes appellent substance vitale de l’homme. Cette instance révélante est aux événements du jour ce que le rêve est aux délibérations la nuit. Les deux qui sont, en fait, d’une seule et même essence, figurent l’œuvre d’une surconscience qui, elle, donne à percevoir l’étendue du monde homéopathique. 

                                                                                                                                                                                          Février 2024


[1] Voir dans mon livre "Entendre le remède", pages 153-155, mon commentaire sur la couverture "géographique" du génie du remède Nux vomica : à la fois multiplié partout sur le corps et uni en une seule image sur toute la surface du corps.

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