Homéopathie et ménopause
La ménopause est une période déterminante en raison de trois événements : elle marque l’arrêt de l’ovulation et la disparition des règles que tout le monde connaît mais aussi elle donne à voir deux moments précieux que j’ai noté au cours de mes recherches : elle réactualise des évènements vécus au début de la puberté et elle exprime un départ plausible vers une réalisation intérieure. Voyons tour à tour ces trois tournants.
Rappelons d’abord quelques signes cliniques de la ménopause. Classiquement, elle s’installe entre 45 et 55 ans, s’accompagne de troubles climatériques avec des bouffées de chaleur montant du thorax à la face, des sueurs abondantes plutôt nocturnes suivies de frissons, de sècheresse vaginale, de fatigue, d’insomnies, de douleurs articulaires surtout aux extrémités mains et doigts. La ménopause entraine ou aggrave la déminéralisation (ostéoporose).
Revenons à nos trois points :
* La ménopause entraine l’arrêt de l’ovulation et des règles, c’est un impératif physiologique inévitable qui annonce, à la femme, la fin de sa période procréatrice. Moment délicat plus ou moins bien interprété selon les individualités, les époques, les croyances, les contrées. En occident, les femmes surmontent fort bien cette période, elles refusent d’être considérées acariâtres, inutiles, bedonnantes, indésirables mais continuent à s’épanouir physiquement, professionnellement, sexuellement... Donc, période contraignante physiquement et sensoriellement mais bien contrôlée par elles-mêmes et par moult remèdes conventionnels et autres.
* La ménopause ramène en surface des états d’âme singuliers, des mélancolies, dépressions, abattements et autres affects vécus à la période des premières règles chez l’adolescente. Pourquoi ce retour ? Parce que la ménopause représente un pallier anniversaire précis.Le commencement du cycle des règles et la fin du cycle des règles sont des temps de vie unis par un lien de correspondance identifiable, par exemple, à travers la symptomatologie d’un vécu nocif à l’adolescence (12-15 ans) et la symptomatologie conforme du revécu malfaisant à nouveau éprouvé à l’âge de la ménopause (45-55 ans). En d’autres termes, les blessures vécues au moment des premières menstrues reviennent au moment de la ménopause à travers des signes semblables mais quelques peu remaniés par le poids des années. Il y a là un mouvement vital de libération qui permet d’extirper les racines d’anciennes souffrances et de les porter dehors sous le regard de la personne afin qu’elle en saisisse le contenu et s’en libère complètement. Prenons appui sur un cas.
Brigitte, 56 ans, en pleine ménopause ne supporte plus les bouffées de chaleur accompagnées de transpirations surtout le soir, ni les douleurs articulaires (doigts, mains, poignets, coudes, genoux, hanches), ni aussi la mauvaise circulation aux jambes, les insomnies (réveils à 3 heures et 5 heures du matin) ; elle n’a plus de libido, ni envie de s’aérer, elle fait la tête à son compagnon, s’isole, pleure et dit avoir des idées noires sans savoir pourquoi. Elle est ménopausée depuis quelques mois et sa dépression date de là.
Comme indiqué, il faut s’enquérir des circonstances de vie à l’adolescence pour comprendre les signes psychiques lors de la ménopause. Ici, Brigitte se rappelle de son immense détresse lors de sa préadolescence lorsqu’elle voyait partir régulièrement à l’hôpital sa maman dépressive et moribonde. Elle se souvient surtout du silence qui accompagnait ces départs. Pendant des années, elle a souffert, avec ses deux sœurs plus jeunes, des absences de sa maman, en pensant qu’elle ne reviendrait plus, qu’elle allait mourir. Elle ne se souvient pas avoir reçu l’ombre d’une explication sur ce qui se passait, mais elle se souvient très bien de son isolement, de sa tristesse, de son désespoir.
Voilà donc l’origine de la dépression actuelle : un chagrin abyssal et une incompréhension majeure pendant l’adolescence. Les symptômes actuels sont semblables à ceux d’autrefois.
On le voit, à la fin du grand cycle, les peines enfouies, reviennent à la surface, non pas pour remettre une nouvelle couche de souffrance mais pour rendre compte des profondeurs vitales, pour faire connaitre les charges sous jacentes et permettre leurs soustractions définitives. C’est là une œuvre de vie, accompagnant chaque parcours, un œuvre immanente qui laboure la conscience aux moments propices, afin de nous éveiller.
* La ménopause annonce un envol plausible vers une haute réalisation et elle se sert du langage suprême du corps pour le dire. D’abord avec les bouffées de chaleur montant du haut du corps et s’élevant toujours pour dire que l’heure est à l’éminence, que le moment est venu de connaitre les sommets immatériels. Ensuite la langue de la ménopause avec les douleurs articulaires, surtout aux extrémités (terminales pour marquer une fin) dit, à travers les sites du geste, reliés en la circonstance à celui de la gestation, la fin d’un mouvement procréateur et le début d’une autre marche vitale, celle de la mise en mouvement d’une gestation spirituelle. Enfin avec la déminéralisation, la ménopause marque un avènement précis, elle dit que corps et conscience, à présent synchrones et en résonance, doivent connaître le monde de la transparence. Qu’ayant atteint l’âge de la sagesse, l’être humain doit maintenant s’affranchir des lourdeurs terrestres et s’accomplir dans l’unité immanente.
Ainsi parle la voix du corps lors de la ménopause.
Mars 2024
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