Homéopathie et méditation
En homéopathie comme dans la pratique de la méditation, il faut ouvrir la porte de l’entendement pour saisir et connaître le monde des maitres. Mais d’abord en quoi consiste la méditation ?
Pour exemple, prenons la méditation Vipassana. Née en Inde, elle fut longtemps pratiquée puis finalement délaissée puis redécouverte et enseignée par Gothama le Bouddha il y a 2500 ans puis encore abandonnée pendant plusieurs centaines d’années jusqu’à sa réintroduction récente, d’abord en Birmanie puis partout dans le monde grâce S.N. Goenka, un enseignant et pédagogue de très haut rang. Vipassana veut dire voir les choses telles qu’elles sont réellement. La pratique consiste à s’auto-purifier par l’observation de soi. « On commence par observer la respiration normale et naturelle afin de concentrer l’esprit. Une fois l’attention aiguisée, on procède à l’observation de la nature changeante du corps et de l’esprit, faisant ainsi l’expérience des vérités universelles de l’impermanence, de la souffrance et du non-soi. C’est cette prise de conscience par expérience directe qui constitue le travail de purification. Le chemin dans son ensemble (Dhamma) est un remède universel à des problèmes universels et il ne s'apparente en aucune façon à une religion établie ou à une secte. Donc, il peut être pratiqué librement, sans distinction de race, de milieu ou de religion, partout et à tout moment, et il se révélera également salutaire pour tous.» Le travail est long, intense, nécessitant une très ferme discipline. Le but est de se libérer des compressions mentales, des vécus désaccordants et autres nuisances affectives qui embarrassent l’individu afin de lui permettre d’atteindre l’éveil et la libération intérieure. Autrement dit, cette méditation Vipassana est un processus de dilution progressive et têtue du contenu mental afin de le dissoudre totalement et de lui ouvrir la porte du monde du dedans. Le lavage mental demande plusieurs années de pratique assidue et doit être continu pour s’extraire soi du brouillard conventionnel. L’ouverture sur le Dhamma est, par contre soudaine, elle met l’individu d’emblée dans un état de paix et d’harmonie. Et aussi, dans un état d’entendement, car dans le Dhamma tout est vivant, tout est équilibre, tout est sens, tout est conscience, tout est sublime intelligence.
Autre porte de l’entendement, le monde deuxième de l’homéopathie. Lorsque le médecin homéopathe étudie un cas, il rassemble les symptômes individuels du malade et tente de trouver le remède qui couvre l’ensemble de ses symptômes individuels. Relevé, il le prescrit. Le remède semblable efface la maladie semblable. Ainsi se résume l’opération homéopathique. Un geste thérapeutique simple, efficace. Toutefois, ici, sans notion d’entendement. Par contre, si le praticien parvient à rassembler tous les symptômes autour d’un dénominateur commun, alors nous sommes sur un autre registre, nous entrons dans le domaine de l’entendement. Prenons un exemple déjà exposé ailleurs. Fanny, 35 ans, souffre de maux de tête depuis deux ans. Elle dit avoir des élancements au front dès le matin ; ils augmentent au moindre bruit, à la lumière et lorsqu’elle s'active ; ils apparaissent aussi après des contrariétés, au moment des règles et quand elle boit du vin. Les douleurs viennent progressivement et, pareil, disparaissent progressivement. Les élancements s'apaisent lorsqu’elle s’allonge au calme. Les médicaments classiques n’ont apporté aucun répit.
Juste avant le début des migraines, Fanny travaillait dans une herboristerie, l'ambiance était détestable, elle subissait les colères de sa patronne qui voulait son départ pour embaucher quelqu'un d'autre. Fanny était outrée, hors d’elle, ressassant sans cesse. Elle a fini par partir. Les douleurs sont venues après ce licenciement.
Commentaire et lecture conventionnelle puis homéopathique des symptômes :
- 1) Lorsqu'on envisage les migraines de Fanny à travers la médecine classique, on cherche, entre autres, les signes dits d'accompagnement tels que nausées, vomissements, vertiges, acouphènes ; l'examen clinique vérifie, la tension artérielle, la tension oculaire, le volume du corps thyroïde, etc. ; les imageries recherchent une affection dentaire, une sinusite, voire une tumeur intracrânienne, etc. Le but est, sinon d'avoir un diagnostic, au moins d'écarter toute pathologie sous-jacente. Puis, si la migraine ne reçoit aucune confirmation lésionnelle, on parle de céphalée essentielle, ainsi dénommée parce que d'origine inconnue. Jamais l'on ne s'appesantit sur les modalités d'aggravation ou d'amélioration, sur le lien avec les règles, le vin, le bruit. Combien même la médecine classique s'en préoccuperait, elle n'aurait pas les remèdes efficaces pour y remédier. Ici, la maladie est comprise comme un trouble qui traverse un organisme quelconque, en produisant des symptômes communs et généralisables, n'ayant aucun sens individuel précis.
L’homéopathe conventionnel retiendra, lui, parmi les symptômes individuels, les circonstances d’aggravation et d’amélioration et donnera le remède conforme, celui qui contient toutes les modalités de la migraine de Fanny. Il ajustera ainsi le bon remède sur le cas Fanny, laquelle sera améliorée, voire guérie sans que l’on comprenne pourquoi. Pour discerner le sens de ce mal, il faut regarder les migraines de Fanny à travers le dénominateur commun de tous ses symptômes individuels. C’est de cette manière que l’on accède au sens suprême des symptômes, au langage du corps, à l’entendement.
- 2) Cherchons donc, chez Fanny, la marque d’une mise hors d'elle-même derrière tous les signes qu'elle présente. Voici :
- elle souffre d'élancements, de coups qui sortent par le front.
- elle est aggravée par tout ce qui symbolise une sortie, une mise hors de soi : le matin qui sort de la nuit, le mouvement qui pousse à l'action, le vin qui déplace la conscience, les règles qui s'expulsent ; bien sûr aussi par le bruit et la lumière qui ajoutent à l'ébranlement intérieur.
- elle est améliorée par tout ce qui symbolise un retour vers elle-même : le repos, le calme.
Le dénominateur commun de tous les symptômes individuels est une mise hors de soiet cela répond exactement à Bryonia, remède, entre autres, des colères exprimées.
Arrivé là, on peut encore aller plus loin, nous demander par exemple pourquoi, chez Fanny, la mise hors de soi a provoqué des migraines et non un eczéma, des insomnies, des métrorragies ou autres. Et l’on comprend qu’il ne pouvait en être autrement, car chez elle, s’est inscrite cette trace céphalique dès son arrivée au monde, ayant été propulsée dehors brutalement, tête première, par des Ocytocyques. Et aussi parce que, Fanny petite, abeaucoup subi les fausses sorties de sa mère dépressive et malmenée par le père souvent violent, colérique, hors de lui. Au total, l’on comprend pourquoi les poussées migraineuses de Fanny partent vers l’extérieur, à l’endroit juste, aux moments justes avec des modalités justes et sous le contrôle d’une mémoire corporelle infaillible.
Arrivé là, on peut encore aller plus loin et nous demander par exemple pourquoi le remède homéopathique efficace est Bryonia et non pas Phosphorus, Thuya, Belladonna, mille autres. Et l’on comprend qu’il ne peut en être autrement car, le remède Bryonia tiré de la vigne blanche ou navet du diable, contient deux forces antinomiques, conformes à celles qui sont à l’œuvre dans les migraines de Fanny. Chez elle, il y a une force expansive qui pousse vers l’extérieur d’où les douleurs élançantes et une force de rétention qui ramène dedans, d’où l’amélioration couchée, au repos. Dans le végétal, pareil, il y a d’une part, une force ascendante qui pousse vigoureusement hors du sol tiges, feuilles et fruits, d’autre part, une force descendante qui retient vigoureusement dans le sol, une racine charnue et grosse comme un bras. Deux forces complémentaires et réciproques. Sur la spirale de Moëbius, l’empreinte de Bryonia s’écrit ainsi :
Arrivé là, on peut aussi se demander comment des céphalées humaines peuvent-elles prendre les caractéristiques précises des deux forces complémentaires du végétal Bryonia. Pour partie, en raison de ceci : la substance vitale de l’homme est composée de tous les règnes sous jacents à l’homme, minéral, végétal et animal, physiquement présents (minéraux sous forme ionique, végétal sous forme d’arbre pulmonaire inversé, animal sous forme de semblables attributs mais rehaussés) mais aussi, elle est composée de toutes les essences de la création, de toutes les milliards d’empreintes existantes et ayant existées sur terre depuis le commencement. Ainsi, la maladie trouve en la mémoire vitale de l’homme l’empreinte exacte que le langage sublime du corps exhibe sous forme de symptômes.
Arrivé là, on peut alors se demander comment une empreinte Bryonia, grossière et archaïque dans le végétal -deux contreparties rudimentaires- devient, chez l’homme, un trait de caractère sous forme de mise hors de soi et de désir de revenir en soi. Pour partie, en raison de ceci : dans le continuum vital toute chose de la création se dilue, s’affine, se bonifie, s’émancipe et s’anime. Ainsi le calcium, vulgaire métal gris-argenté dans la nature, devient organite essentiel à l’homme pour la structure du squelette, la coagulation sanguine, l’activation d’enzymes, etc. Pareil, le fer, sédiment inerte dans la nature, devenant élément vivant indispensable à de multiples fonctions biologiques chez l’homme. Et ainsi de suite pour mille et mille autres éléments ordinaires à l’état natif et rehaussés, sublimés en l’homme. Il y a là tout un parcours vital d’élévation. Ainsi s’explique l’empreinte Bryonia banale en le végétal et épurée en l’homme.
Pour finir, voyons un cas où méditation et homéopathie s’ajustent pour livrer mémoire et sens. Voici : l’homme est en cours de méditation et après quelques jours d’assise immobile, il commence à ressentir une douleur de plus en plus violente à la hanche droite comme si on lui enfonçait un tison ; en même temps, une sorte de raideur brûlante à la gorge. Pour dégager sa hanche il bougeait et pour assouplir la raideur de la langue, il avalait sa salive. Aucune amélioration. Il a cherché la raison de ces douleurs simultanées. En vain. Un jour, en état de grâce en cours de pratique, il compris : la hanche est un lieu d’articulation, elle possède une fonction fondamentale dans la marche, c’est d’elle que prend naissance le mouvement du membre inférieur. La gorge, entre autres, est le lieu de la parole, c’est d’elle que prend naissance l’élocution. Voilà le premier lien unissant les deux endroits, ce sont des lieux d’articulation et de mouvement. Et aussi, la hanche, en tant que début du mouvement au membre inférieur, renvoie à une notion de début, ici à un commencement, donc aux premiers pas du petit enfant. La gorge, parce qu’elle est associée à la douleur de la hanche, indique aussi un début, ici au commencement de la parole. Voilà le deuxième lien entre des deux sites. Quel pourrait être l’événement douloureux survenu au début de la marche et au début de la parole, donc vers 1 an et demi à 2 ans, sinon un traumatisme qui sidère et bloque la marche et la parole. Ce traumatisme, lié à une ambiance familiale terrorisante, rappelée à l’adolescence par un proche parent lui-même terrifié, était revenu à la mémoire de l’homme et l’avait renvoyé à ses terreurs d’enfance, à la fois très violentes et vécues sans aide pendant des décennies. Dès cette prise de conscience les douleurs se sont estompées lentement puis, sous traitement homéopathique, ont disparues pour ne plus resurgir.
Concluons. Autant la méditation élève l’étudiant au dessus de son mental réducteur, lui fait remonter des vécus anciens mais lui fait connaître aussi Dhamma et discernement autant l’homéopathie soulève le médecin attentif au dessus des conceptions conformistes et lui fait connaître les sommets de la connaissance révélée.
Avril 2025
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