Homéopathie et symptômes psychiques 

  La question est comment un remède homéopathique puisé dans le monde minéral, végétal ou animal peut-il effacer un trouble psychique chez l’homme ? Par quel miracle, par exemple, le remède Aconit napellus, issu d’une plante, peut-il guérir une peur panique chez un patient ? Où est le lien entre ce végétal et le psychisme humain ?

  Avançons doucement. D’abord, il faut noter qu’un remède homéopathique est réalisé après dilution et succussion de la souche utilisée, ici la plante Aconit napellus, prélevée fraiche, dans un endroit propre puis préparée en teinture mère. La fabrication est une dilution de la teinture mère, elle consiste à mettre une goutte de teinture mère dans 99 gouttes de solvant (eau + alcool). La succussion a pour but de secouer et de bien mélanger le tout, surtout de dynamiser le contenu médicamenteux, c’est à dire de le tenir "éveillé". L’utilisation de l’alcool et de l’eau est d’une importance capitale :

 - l’alcool dévie et déplace le principe actif de la plante Aconit napellus,

- l’eau, en tant que mémoire des formes, retient et garde en mémoire ce principe actif (voir précisions dans mon livre « Entendre le Remède Homéopathique », Editions Connaissance et Savoirs, pages 22 à 34).                                 

 Le premier flacon est constitué d’un mélange de 1 goutte de teinture mère avec 99 gouttes d’eau. Ce premier flacon constitue la première centésimale  hahnemannienne (1ère CH). Puis, l’on prend 1 goutte de cette première préparation et l’on ajoute 99 gouttes d’eau pour obtenir la deuxième centésimale hahnemannienne (2ème CH). Et ainsi de suite jusqu’à, en France, la 30ème CH, beaucoup plus dans d’autres pays. Pour finir, on imprègne des granules neutres avec cette dilution que l’on conditionne dans des tubes en y indiquant la hauteur de dilution 5 CH, 7 CH, 9 CH, etc.   

  L’opération suivante consiste à expérimenter chez l’homme sain, le remède choisi. Pour cela, on donne plusieurs fois par jour, pendant un temps déterminé, le remède à telle dilution, en 9ème CH par exemple, à des adultes sains auxquels on demande de noter tous les symptômes qui surviennent. Au bout du temps déterminé, l’on collecte les rélevés de chacun, l’on garde les symptômes constatés chez la majorité, voire la totalité des expérimentateurs. On relève les symptômes survenus au plan psychique (mémoire, sommeil, comportement, colère, anxiété, mal-être,  etc.) et ceux au plan corporel (yeux, oreilles, nez,  tête, cou, thorax, estomac, abdomen, dos, etc.). On obtient ainsi la pathogénésie de la substance testée, c’est à dire son pouvoir nocif chez l’homme sain. L’ensemble de la pathogénésie est consigné dans la "Matière Médicale Homéopathique", livre essentiel des homéopathes.                                                 

  Pour le remède Aconit napellus -casque de Jupiter pour le grand public- il est rapporté parmi les signes psychiques que l’individu est sujet à des peurs glaçantes, paralysantes et à des agitations bouillantes, impétueuses (voir la pathogénésie complète d’Aconit dans le menu de ce site à la rubrique "Génie des remèdes").                                     

   Dans la spirale de Moebius, l’empreinte d’Aconit napellus s’écrit ainsi :

Capture d ecran 2024 02 14 212813

Voici une observation corroborant cette insertion : Valérie 43 ans, vivait dans le Var avec ses parents. Il y a 2 ans, voulant se séparer d'une mère possessive et d'un père distant, elle est venue rejoindre son ami près de Grenoble. Elle le regrette amèrement. Pour de multiples raisons. A la fois climatiques, professionnelles, sociales et affectives. Et aussi parce qu’elle a découvert qu'elle n'est pas éprise de son ami. Elle attend une mutation dans le Var, pour "respirer l'iode du littoral" mais c'est impossible actuellement, elle est très anxieuse, très fatiguée, très craintive pour son avenir. Elle est triste, ne sort pas de chez elle, toujours en retrait, apeurée, sans plaisir et sans envie. Elle a perdu l'appétit, le goût et l'odorat, elle a toujours froid au corps avec aussi une sensation d'air froid à la tête, l'impression que les cheveux se dressent sur la tête, elle a tout le temps la bouche pâteuse, des points douloureux à l'hémithorax gauche, des brûlures partout à la surface de la peau, des picotements irritants dans les narines, des jambes pesantes, des sensations de boules dans les articulations, la sensation que tout son corps va s'écrouler, des selles molles, etc. Surtout, elle a peur, tout le temps peur, elle se réveille la nuit avec peur, le jour, pareil elle a peur, tout le temps la peur d'étouffer, de mourir.

Bien sûr, cet état de peur indique Aconit (qu’on trouve facilement en modalisant, dans le Kent, quelques signes comme par exemple cheveux hérissés (page 154), sensation d'air froid sur la tête, (page 247), peur d'étouffer (page 82) la nuit). Mais, rien dans la vie actuelle de Valérie n'explique une telle frayeur. Certes, elle a quitté le nid parental, elle est insécuriée affectivement, elle a du mal à s'adapter loin de ses repères mais de là, à vivre dans un tel état de panique, il y a une marge. J'aborde alors ses antécédents et après un long interrogatoire, le lien avec les peurs s'établit. Je l'indique en quelques mots : les parents de Valérie, pieds noirs, ont tout perdu en Algérie, un drame autrefois vécu avec terreurs et douleurs, un drame aujourd'hui encore présent sous forme de méfiance généralisée, de crainte omniprésente, de peur du voisin, de l'avenir, de l'inconnu. Sous forme de recommandations quotidiennes à Valérie : "méfies toi, ne parles pas aux autres, éloignes toi de tous les inconnus, rentres vite à la maison, etc." La peur vécue, la peur transmise, la peur enracinée.

Ainsi, tout devient clair, Valérie trempée depuis l'enfance dans un bain de frayeur, restitue cette hantise, précisément lorsqu'elle est exposée loin du domicile parental, sous forme de neutralisation glacée, et d'agitation bouillante. La neutralisation glacée apparaît, certes atténuée par le temps qui passe, derrière, entre autres, les craintes paralysantes, le froid corporel, les boules dans les articles du mouvement. L'agitation bouillante, atténuée aussi, se trouve derrière les réveils angoissants, les sensations de brûlures partout, les points douloureux ici et là.

Comment traiter? Devant un tel état chronique de mise en alerte et de peur, sachant que l'empreinte de la peur est solidement enracinée, considérant qu'il ne faut pas aggraver la patiente par une prescription d'emblée en hautes dilutions, j'ai donné Aconit napellus en 9ème CH (avec son remède de fond Phosphorus, avec le remède de la déception amoureuse Phosphoric acid...) pendant 20 jours par mois pendant trois mois avec l'idée de monter très progressivement dans la dilution. L'amélioration fut quasi-complète après plusieurs mois de traitement donné en 30ème CH, une fois par semaine.

Revenons à notre question du début : par quel prodige, la plante diluée en remède Aconit napellus efface t-elle une panique chez notre patiente ?

Déjà, dans la nature, le végétal Aconit napellus montre qu’il est une plante énergique dotée de puissantes forces que l’on devine à travers sa préférence pour les sols froids, voire très froids, à travers la couleur bleue indigo intense de ses fleurs et celle vert très foncé de ses feuilles, à travers sa forte tige, rigide et dressée sur près de 2 mètres, à travers sa violente toxicité mais aussi à travers son haut pouvoir thérapeutique. Ces forces extrêmes se retrouvent bien sûr dans le remède Aconit napellus des homéopathes, mais cela ne dit pas comment ni pourquoi la plante devenue remède annule une peur panique comme dans le cas ci-dessus. Voyons cela de plus près :

Le premier point montrant un lien entre la plante et l’homme relève du fait que l’homme porte en lui même :                     

     - d’une part, tous les règnes le précédant, le règne minéral dilué et actif sous forme de ions élémentaires partout présent  dans l’organisme ; le règne végétal sous forme d’arbre pulmonaire inversé ; le règne animal sous nombre d’attributs physiques atténués, adoucis et reliés à l’esprit. L’homme contient ainsi tous les mondes sous-jacents mais lui, appartient au quatrième règne, au règne humain, le règne du corps signifiant et de l’esprit conscient.                                                      

        - d’autre part, toutes les étapes de tous les règnes de la création, toutes les séquences à l’intérieur de chaque règne et tous les règnes à l’intérieur du règne humain1  L’homme, parce qu’il est la réalisation la plus achevée sur terre mais aussi parce qu’il est la récapitulation transcendée de toutes les manifestations vivantes créées avant lui, actualise dans sa substance vitale toutes les essences de la création, toutes les manifestations vitales du monde, tous les moments, les écarts, les vécus, etc., des hommes depuis l’origine. Ces essences comme celle d’Aconit napellus sont dissoutes par assimilation avec les autres milliards d’essences et composent la mémoire vitale des hommes. A l’état de santé, ces milliards d’essences incluses dans la substance vitale de l’homme restent muettes, assujetties à des tâches harmonieuses et à des activités vitales parfaites. Ainsi, par exemple, pour Aconit napellus, on peut conjecturer que son essence, dans la substance vitale de l’homme, participe à la défense de l’organisme en provoquant une agitation extrèmement vive lorsque apparait un effroi glaçant. Bien sûr la présence de cette essence Aconit napellus ne peut être matériellement prouvée, elle est en sommeil profond dans l’organisme, mais toujours prompte à réagir sous  forme de signes et de symptômes conformes dès la moindre alerte type que ce soit au cours d'une maladie naturelle ou par expérimentations chez l'homme.                                                                                                                                    

Le deuxième point montrant un lien entre la plante et l’homme relève d’une évolution vitale évidente du minéral, végétal, animal jusqu’à l’homme et, pour ce qui nous concerne, de la plante Aconit napellus jusqu’à l’homme. Ceci est visible dès le règne minéral, amorphe dans la nature mais fortement rehaussé avec ses fonctions métaboliques très subtiles chez l’homme (Na+, K+, Cl-...), le règne végétal superbement incarné et impliqué dans la fonction respiratoire, le règne animal présent à travers nos activités motrices, sexuelles et autres (machoires dotées de sourire, appareil reproducteur accordé au désir amoureux, mains prédatrices mais aussi délicates et intelligentes, etc.). Il y a là tout le mystère de la vie qui conduit ces transformations dans le sens toujours de l’élévation.2 Ainsi en est-il pour Aconit napellus, simple plante vivace dans la nature devenant force vivante chez l’homme.

       Le troisième point montrant un lien entre la plante et l’homme vient de l’évocation très argumentée que les particules élémentaires sont faites de psychomatière, qu’elles sont dotées d’une partie physique et d’une partie psychique laquelle est capable de libre choix ! Déjà, il y a près d’un siècle, les pères de la physique quantique le laissaient entendre. Ainsi, Pascual Jordan écrivait qu’en cas de mesure "l’électron est contraint de décider par lui même d’une valeur précise de sa vitesse." Paul Dirac expliquait que dans la réduction de paquet d’onde "la nature fait un choix". Aujourd’hui beaucoup de physiciens développent cette idée que la matière est faite d’un étage physique et d’un étage psychique. Le polytechicien Emmanuel Ransford y consacre plusieurs ouvrages. Dans "la nouvelle physique de l’esprit" (Editions le Temps présent), il écrit que «tout fragment de psychomatière est la juxtaposition de deux parties, le "phi" et le "psi"][... En général le "psi" est endormi (il est latent). C’est ce qui le rend si discret. Mais parfois, il se réveille. Alors, il devient actif et manifeste sa présence. Il s’illumine et devient une authentique lueur de conscience (pages 130-131) ». Une lueur de conscience des plus élémentaires, c’est à dire avec un pouvoir d’initiative très rudimentaire mais réel comme cela se vérifie lors de l’expérience de Young au cours de laquelle les particules choisissent de se présenter sous forme de rayonnement ou de corpuscule selon qu’elles sont observées ou non. Ransford poursuit sa démonstration en avançant que la psychomatière répond ainsi à deux commandements ou à deux causalités, un "phi" exo-causal (la cause vient de l’extérieur, exemple lors d’une connexion obligée avec d’autres particules, elle est suivie d’un effet) et un "psi" endo-causal (la cause vient de l’intérieur, elle est endogène, elle relève d’une volonté libre, exemple le choix d’apparaître sous forme ondulatoire ou corpusculaire dans l’expérience de Young, elle est suivie d’un effet). Ransford dit encore que le "psi" endormi ou latent est un bouton de vie, que le "psiréveillé devient une fleur de vie, que d’innombrables fleurs de vie forment une fleur de conscience, etc. ; en un mot pour lui la matière subatomique n’est pas faite d’une structure inerte, elle contient aussi une part psychique qui la rend autonome et libre.  

Bien. Mais en quoi cela concerne mon propos sur le lien de la plante Aconit napellus avec l’homme ? En ceci, au niveau le plus sommaire, nous venons de le voir, les particules "phi" sont dotées d’une portion de liberté, exercé par leur fraction "psi" réveillée, elles peuvent exercer un choix infime mais un choix quand même. Soit. Le remède homéopathique, lui, est issu non pas d’un assemblage sommaire de particules mais d’un corps constitué, minéral, plante ou insecte, sa structure matérielle est dotée d’un "phi" organisé et visible mais un "phi" totalement écarté par dilutions successives et d’un "psi" largement suscité par ces mêmes dilutions et aussi par les succussions. Dans le remède homéopathique le "psi" est spécifique du produit testé, il représente son  empreinte immatérielle, c’est son génie propre, (et même sa "conscience embryonnaire"). Dans la plante Aconit napellus, cette empreinte est encore grossière, à l’état d’ébauche pourrait-on dire, elle est représentée par une force ascendante "brute" et une force de rétention "frénétique" qui, par étapes progressives et par élévation vitale du végétal à l’homme (par élévation du "psi" d’Aconit napellus), évolue en une empreinte de vie compatible avec l’éminence vitale de l’homme.  C’est là le lien entre la plante et l’homme.

Concluons :

       - présente dans la plante, l’empreinte  homéopathique d’Aconit napellus, au cours de sa préparation, bénéficie d’une dilution qui, en termes de physique quantique, ôte sa partie corpusculaire "phi" mais préserve sa nature immatérielle "psi" ; l’empreinte Aconit napellus bénéficie aussi d’une succusion qui tient animée et manifeste sa partie immatérielle "psi".

       - présente en l’homme, l’empreinte homéopathique d’Aconit napellus, notamment sa partie "psi", est rehaussée au cours des règnes du monde à la hauteur vitale de la substance vitale de l’homme ; elle est muette et latente en temps de santé mais elle devient fortement animée et manifeste en cas d’alerte conforme à son génie.  

Ainsi le remède Aconit napellus efface-t-il une peur psychique de l’homme, ainsi parle l’homéopathie avec les autres remèdes de sa pharmacopée, ainsi utilise-t-elle les essences du monde pour maintenir l’homme en harmonie.

                                                                                                                                                                    Janvier 2024

1 Voir plus ample informé dans mon livre "Entendre le remède- Editions Connaissances et Savoirs, pages 244 à 247

2 Ainsi MAWLANA DJALAL-OD-DÎN, RÛMÎ : "D'abord tu fus minéral, puis tu devins plante ; ensuite, tu es devenu animal : comment l'ignorais-tu? Puis, tu fus homme, doué de connaissance, de raison, de foi. Considères ce corps, tiré de la poussière : quelle perfection il a acquise. Quand tu auras transcendé la condition de l'homme, tu deviendras, sans nul doute, un ange. Alors tu en auras fini avec la terre : ta demeure sera le ciel. Dépasse même la condition angélique : pénètre dans cet océan, afin que ta goutte d'eau puisse devenir une mer..." - Odes Mystiques (Dîvane - Shams -E Tablîzî) - Éditions Klincksieck, page 322.

 

 

          


 

 

Ajouter un commentaire

Anti-spam